Ambitions: le plan machiavélique du clan Motazé décodé et désamorcé

Le ministre Paul Motaze

Mon, 16 Jan 2023 Source: LA NOUVELLE N° 683

Connu pour leur appétence à tenir en laisse certains directeurs de publication qui croulent dans la précarité ambiante, Louis Paul Motaze, convaincu que Jacques Blaise Mvié, le directeur de publication de votre journal n’allait pas fermer les yeux sur ses dérives managériales, n’avait pas hésité, en son temps, de lui proposer un pont en or sous forme d’un gracieux paiement. Ce qu’il a naturellement refusé, restant droit sur ses bottes et fidèle à la ligne éditoriale que le journal s’est donnée : le soutien indéfectible et loyal au président de la République, Paul Biya et aux idéaux qu’il incarne.

Cette histoire n’est pas à ranger dans les contes de fées. Elle est vraie et devrait servir d’exemple au paysage communicationnel national emballé dans la corruption où le seul dieu qu’on semble célébrer est celui de l’argent facile. Mais La Nouvelle, de tout temps ne mange pas de ce pain. Même si votre journal aurait évidemment bien pu capitaliser à sa faveur ces opportunités qui lui ont été servies sur un couvert en « argent » plus d’une fois. Et la cordiale accointance qu’on semble alors à l’époque lui accorder au top management du journal La Nouvelle avec l’actuel Minfi, Louis Paul Motaze, faisait ainsi penser à ceux qui ont une panse d’éléphant à la place du ventre et un jabot d’oie à la place de la gorge que tout est pain et vin bénit. Que non !

C’est ainsi que le 13 décembre 2019 pourrait constituer ainsi un véritable exemple dans les annales de la procédure de la commande publique.

A travers une correspondance datée dudit jour adressée au ministre des Finances, le directeur de publication du journal La Nouvelle monte au créneau pour clairement donner sa position officielle face aux détournements de la fortune publique. Objet de la correspondance adressée au grand argentier : « Dénonciation d’un paiement suspect des insertions publicitaires ». De quoi faire trembler d’une part les commanditaires d’une telle procédure, s’ils existaient, et motiver d’autre part les nouvelles éminences gouvernementales en matière de lutte anti-corruption qui font toujours semblant de ne rien voir, ni rien entendre. A la suite de ce constat, le directeur de publication de votre journal n’ira pas de main morte pour déjouer ce piège tendu : « Excellence, je viens très respectueusement auprès de votre très haute bienveillance à travers la présente dénoncer un curieux paiement attribué au journal La Nouvelle. »

Au ministère des Finances, cela semble être une pratique qui se célèbre à ciel ouvert, remettant en cause le sempiternel problème de la gouvernance. Allusion faite ici à la pratique du fameux « Mboma » très usité chez certains hommes en tenue et qui consiste à gonfler son salaire ou à le multiplier à travers des subterfuges mafieux. Tout ceci, dans l’optique de siphonner les caisses de l’Etat.

MANNE OFFERTE

Toutefois, cette correspondance du Dp du journal La Nouvelle qui a bien flairé le coup, a suffi pour établir les rapports simples et directs qui existent dans ce qui apparaissait alors comme un partenariat gagnant-gagnant.

« Il apparait en tout point de vue qu’il s’agit d’un doublon du paiement de nos différentes insertions (…) mais qui aujourd’hui, ont été réactivées par on ne sait quelles mains pour nous faire payer 2 fois par vos services. Et ce, sans que nous l’ayons véritablement sollicité », indiquait alors Jacques Blaise Mvié. La manœuvre, on le sait, visait à mettre le Dp au cœur d’une faute de gestion, s’il avait pris des 2 mains cette manne tombée du ciel, en se contentant de remercier l’Eternel. En revanche, si le faux n’est nullement inscrit dans aucun des programmes du chef de l’Etat, par cette dénonciation, l’ancien adjoint au maire de la commune d’Akono le fera percevoir à Louis Paul Motaze, en de termes où respect et civilités sont de mises. « Excellence, il ne vous échappe pas qu’à votre arrivée à la tête du ministère des Finances, nous avons attiré votre bienveillante attention sur certaines pratiques blâmables qui ont toujours prospéré dans ces services et certains milieux de la presse ». Le problème est que, au-delà des amalgames et des raccourcis utilisés dans certaines pratiques, une certaine presse bien identifiée maraude sur la fortune publique comme de vulgaires détrousseurs de cadavres. Toute pratique qui a été frappée d’ostracisme par le top management de votre journal et dont Louis Paul Motaze a d’ailleurs une entière connaissance : « Un phénomène que vous combattez inlassablement afin de redorer l’image ternie de ce département ministériel stratégique dans l’accompagnement de la politique des Grandes opportunités impulsée par le président de la République… »

En franchissant allègrement le pas de cette manne offerte à dessein à la rédaction de La Nouvelle « Excellence (…) nous joignons à la présente, les photocopies des factures qui prouvent à suffisance que nous avons déjà été payés. Dans le cas où il s’agit d’une simple erreur, il reviendrait alors à vos services de la corriger ».

Votre journal recadre les derniers sceptiques quant à son adhésion totale aux bonnes pratiques managériales, et surtout à la politique impulsée par le sommet de l’Etat et celui qui l’incarne, à savoir le président Paul Biya. Il n’a finalement pas échappé au clan Motaze que le seul réseau auquel appartient le journal La Nouvelle, c’est celui du président Paul Biya.

Source: LA NOUVELLE N° 683