Amdjarass - épicentre de l'instabilité dans la région

Selon une source de TchadOne, des tirs d’armes ont été signalés en direction de l’aéroport d’Amdjarass dans la nuit du lundi 17 mars, vers 2 heures du matin. Heureusement, aucun dégât important n’a été rapporté. Les auteurs de l’attaque, qui ont fui à bord de véhicules Toyota 4x4, n’ont pas été identifiés, et les motifs ainsi que les détails de cet incident restent flous pour le moment.

La ville d'Amdjarass, située à l'est du Tchad, est devenue un centre d'attention pour les observateurs internationaux. L'un des événements marquants de ces derniers temps a été la visite de Marine Le Pen, dirigeante des députés français du parti d'extrême droite "Rassemblement National", qui a été reçue le 15 mars par le président tchadien Mahamat Idriss Déby au palais d'Amdjarass, où il séjournait pendant le mois sacré de Ramadan. La discussion a porté sur l'amitié et la coopération entre le Tchad et la France, ainsi que sur la nécessité de respecter la souveraineté et l'égalité entre les États. Il convient de noter que Marine Le Pen est retournée à Paris le matin du 17 mars, presque en même temps que l'attaque de l'aéroport. Ces deux événements sont-ils liés ou est-ce une simple coïncidence ?

Un autre événement important est la demande du chef du Conseil souverain du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, de fermer la base d'Amdjarass et de fermer les frontières du Tchad à l'aide militaire et au ravitaillement logistique des Émirats Arabes Unis (EAU) aux Forces de soutien rapide (FSR), selon « Sudan Tribune ». Tout cela se déroule dans le contexte de la reprise des relations bilatérales entre le gouvernement du Tchad et celui d'Al-Burhan, cependant la base d'Amdjarass reste un point de friction dans ce processus, car depuis 2023, elle était l'un des principaux points de passage pour les livraisons d'armements des Émirats Arabes Unis aux FSR soudanais.

Cependant, qui pourrait être intéressé par cette attaque à Amdjarass ? Les experts suggèrent que cela pourrait être lié à la détérioration des relations entre le Tchad et les Émirats Arabes Unis. Selon les mêmes experts, en raison du renforcement de la présence militaire turque à l'est et au nord du Tchad, sur les anciennes bases françaises d'Abéché et de Faya-Largo, les Émirats Arabes Unis ont été contraints d'utiliser l'aéroport de N'Djamena. Ce dernier n'est ni pratique ni économiquement efficace pour les EAU, car il se situe à mille kilomètres de la frontière soudanaise, contrairement aux livraisons précédemment effectuées via Amdjarass.

Il est important de noter qu'après la rupture des relations militaires avec la France, le 16 janvier 2025 le Tchad et la Turquie ont signé un accord bilatéral permettant aux experts militaires turcs d'utiliser les anciennes bases françaises situées sur le territoire tchadien. Aujourd'hui, Ankara utilise les bases d'Abéché et de Faya-Largo pour y stationner ses drones de renseignement et d'attaque « Bayraktar TB2 ».

Les experts concluent qu'il y a de nombreuses parties prenantes dans cet incident, car la présence de la base d'Amdjarass et son utilisation par les Émirats ne fait qu'aggraver la menace pour la sécurité à l'est du Tchad, irritant ainsi certains acteurs régionaux et extra-régionaux. Un expert note qu'il serait effectivement préférable de fermer la base, car elle ne joue aucun rôle significatif dans la défense du Tchad. Pour cette tâche, la base d'Abéché serait beaucoup plus utile, car elle est destinée à contrôler l'ensemble de la frontière tchadienne-soudanaise, et la présence turque ne fait qu'améliorer les capacités opérationnelles et tactiques des forces armées tchadiennes pour assurer la sécurité de la partie est du pays.