Anicet Ekanè révèle les coulisses de son alliance avec Maurice Kamto :
Dans une interview accordée à STV, Anicet Ekanè, président du MANIDEM, a levé le voile sur les motivations et les circonstances qui ont conduit à son soutien à Maurice Kamto pour l'élection présidentielle du 12 octobre 2025. Le leader politique du Littoral a notamment révélé qu'une collaboration de sept mois avec le président du MRC avait précédé cette alliance stratégique, tout en dénonçant les manœuvres du régime pour écarter la candidature de son allié.
Anicet Ekanè a tenu à clarifier les fondements de son soutien à Maurice Kamto, balayant d'emblée toute considération personnelle ou opportuniste. "Ceux qui comprennent l'intérêt de la nation choisissent Maurice Kamto", a-t-il déclaré, soulignant que cette décision s'inscrit dans une vision à long terme pour le Cameroun.
Le président du MANIDEM a révélé que cette collaboration avec le leader du MRC remonte à sept mois, période durant laquelle les deux hommes se sont "accordés sur l'essentiel et l'intérêt du pays". Cette concertation prolongée dément ainsi toute improvisation dans cette alliance qui a surpris l'échiquier politique camerounais.
Au-delà des clivages ethniques
Face aux critiques portant sur les considérations tribales de cette alliance entre un homme du Littoral et un ressortissant de l'Ouest, Ekanè a été catégorique : "Dans le MANIDEM, il n'y a aucun membre de mon département si ce n'est celle que vous connaissez, donc je ne connais pas le tribalisme. On n'a pas une coloration ethnique, on a dépassé cela, on survole."
Il a également dénoncé l'instrumentalisation des sentiments ethniques par le pouvoir en place : "Les ressentis tribalistes sont bien entretenus par le régime, certains ne comprennent pas comment un gars du Littoral peut soutenir son frère de l'Ouest."
Ekanè a justifié le timing de l'annonce de cette alliance, expliquant que révéler plus tôt cette collaboration aurait permis au "Moulinex" - en référence au surnom donné au régime - "d'empêcher les choses, parce que c'est son domaine de compétences".
Cette stratégie de discrétion, approuvée par l'ensemble du directoire du MANIDEM selon ses dires, visait à préserver les chances de réussite de cette alliance face aux manœuvres attendues du pouvoir.
Le leader politique a directement accusé le régime de Yaoundé d'avoir "décidé d'écarter la candidature" de Maurice Kamto, une situation qu'il qualifie d'injuste et qui a motivé son engagement aux côtés du président du MRC.
Ekanè s'est montré confiant quant à l'issue de l'examen des candidatures par le Conseil constitutionnel, prévue pour le 11 août : "Même si le conseil constitutionnel est fait des gens du RDPC, il y a quand même des gens parmi eux qui aiment ce pays et ne tomberont pas dans le piège d'Atanga Njih."
Au-delà des considérations électorales, Ekanè a détaillé les axes de convergence avec Maurice Kamto : "La souveraineté du Cameroun vis-à-vis des autres pays, rendre le Cameroun aux Camerounais, voilà ce que nous avons causé avec Maurice Kamto."
Cette vision s'inscrit, selon lui, dans la continuité de l'héritage des leaders nationalistes Um Nyobè et Ouandié, dont il revendique l'héritage politique.
Dans un passage particulièrement remarqué de l'interview, Ekanè a affirmé n'avoir "même pas discuté avec Maurice Kamto de ce qui arrivera s'il devient président de la République", ajoutant avec une pointe d'ironie qu'il pourrait "aller au village se reposer".
Cette déclaration vise manifestement à démentir toute motivation personnelle dans cette alliance, le président du MANIDEM se positionnant uniquement comme un patriote soucieux de l'intérêt national.
Ekanè s'est montré particulièrement confiant quant aux perspectives électorales, évoquant même des "AVC" au sein du pouvoir le 13 octobre, lendemain du scrutin. Il a appelé à "sentir le caractère souverain du peuple qui peut détruire les montagnes", dans une rhétorique mobilisatrice à l'adresse de ses sympathisants.