Le 30 septembre, au tribunal militaire de Yaoundé, s'est tenue une audience cruciale dans l'affaire de l'enlèvement et du meurtre du journaliste Martinez Zogo. Me Charles Tchoungang, avocat de l'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et de son collaborateur Bruno Bidjang, a plaidé pour l'annulation pure et simple du procès, invoquant de nombreux vices de procédure.
L'ancien bâtonnier a notamment critiqué la mise en place d'une commission d'enquête mixte gendarmerie-police par le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, peu après la découverte du corps de la victime. Selon Me Tchoungang, cette décision viole "le principe de la séparation des pouvoirs" et contrevient au Code de justice militaire.
La défense a également soulevé de nombreux cas de non-respect des droits des accusés et de la procédure légale, citant des "interrogatoires menés sans la présence d'avocats", des "violations de domicile" et des "prolongations illégales de gardes à vue". Me Tchoungang a déclaré : "Dans cette affaire, personne n'a rien respecté depuis le début, de l'arrestation de notre client à sa mise sous mandat de dépôt, en passant par ses interrogatoires et son transfert à la maison d'arrêt".
Cette ligne de défense a été reprise par les avocats des autres accusés. Me Jacques Mbunny, représentant le lieutenant-colonel Justin Danwe, principal accusé du rapt, a affirmé que tous les propos de son client pendant l'instruction étaient "nuls et sans effet" en raison de conditions de détention illégales.
Les conseils de Maxime Eko Eko, ancien directeur de la DGRE, ont quant à eux plaidé pour sa libération, s'appuyant sur une ordonnance de décembre 2023 dont ils affirment avoir obtenu copie au greffe du tribunal.
Me Claude Assira, avocat de la DGRE, a rejeté les exceptions soulevées par la défense, présentant l'affaire comme un cas de "flagrant délit" justifiant l'absence d'enquête préliminaire. Le commissaire du gouvernement a également contesté ces exceptions, les jugeant "prématurées" et soulignant que seul le ministère public avait eu accès à l'intégralité du dossier.
Après plusieurs heures de débat, l'affaire a été renvoyée au 21 octobre, laissant en suspens la question de la validité de la procédure dans cette affaire qui continue de secouer le Cameroun.