Depuis l’entrée au 21ème siècle, dès l’an 2000, les investissements sur le foncier connaissent une forte croissance dans la majeure partie des pays du globe. Le Cameroun, pays en voie de développement, n’est pas en marge de cette dynamique.
Les concessions foncières sollicitées et obtenues par les compagnies industrielles, à des fins agricoles voire manufacturières, suscitent un intérêt parfaitement apprécié pour leur contribution à la création des emplois. Seulement, comme pour toute médaille, il y a forcément un revers. Et la déception vient de la menace provoquée par l’accaparement des terres en marge de toute transparence. Mais plus encore, l’aggravation de la paupérisation des petits paysans de l’arrière-pays.
Quelles mesures sont donc mise en œuvre pour réglementer voire juguler l’essor d’un tel phénomène ?
Selon le rapport d’une étude menée par le Réseau de Lutte contre la Faim (RELUFA), en matière d’attribution des terres et de la gestion des concessions, le dispositif interne camerounais est quasiment dépourvu de toute substance sur l’accès à l’information par voie directe ou encore des éléments permettant même de manière indirecte, d’y accéder.
Ledit rapport qui a bénéficié du soutien financier du Programme d’appui à la Société Civile (PASC) et de la Coopération Cameroun-Union Européenne, révèle également que le système juridique en vigueur au Cameroun ne dispose d’aucune règlementation imposant la disposition des informations sur les transactions foncières, encore moins n’oblige les parties à quelconque publication des contrats y relatifs. Une situation, qui selon les observateurs, laisse ainsi recours à une possibilité de tripatouillage.
Si verrouillage est constaté pour monsieur tout le monde, force est de se rendre à l’évidence selon laquelle, à la lumière des mêmes textes, certaines institutions comme le Parlement, les associations et même le quatrième pouvoir que sont les médias, bénéficient d’une marge leur permettant d’accéder à un tel trésor. La perspective s’incline ainsi en deux intercessions indirectes : la voie générale émanant de la reconnaissance et de la protection des pouvoirs d’investigations d’une part, et la voie spécifique aux questions foncières par l’entremise d’une institution d’une commission consultative foncière auprès des arrondissements et par extension les districts, d’autre part.
Complicité ou laxisme des organismes internationaux?
Le phénomène de l’accaparement des terres menace les populations locales qui devraient en être les premières bénéficiaires, cela est dit et connu de tous. Y compris les organismes internationaux qui prônent une meilleurs gestion des ressources. Cependant les observateurs notent un mutisme en ce qui concerne la condamnation du fait. Une condamnation qui apparait pourtant fondamentale. Dans la société civile, il est observé que la quasi-totalité de ses organismes (Banque Mondiale, FAO, IFAD, CNUCED, OCDE) et autres suppôts n’ont jusqu’à cet instant, privilégié que prescrire des principes, des codes de conduite et des instructions, sans t'cher jamais de monter au créneau. Un soupçon de complicité sous cape, se pourvoit de plausibilité dans l’opinion, l’implication de certaines multinationales expatriées étant évoquée.
Toutefois, certaines règles internationales qui s’appliquent au Cameroun, en particulier celles issues de l’OCDE favorisent un accès à l’information plus net. Cependant, deux facteurs limitent leur champ d’action. Car elles concernent essentiellement les pays membres de l’OCDE ou adhérent à ces principes. Mais aussi, elles ne couvrent pas le processus de négociation des concessions avant l’octroi. Pourtant, selon les experts, l’accès à l’information est capital à ce niveau.