Armée : quelque chose se prépare

Colonels Camerounais Armeeee Ministère de la Défense

Mon, 17 Mar 2025 Source: www.camerounweb.com

Au ministère de la Défense, il faut rajeunir l’armée camerounaise pour réconcilier les générations au sein des forces de défense camerounaises, estime Christian Emvolo Emvolo. Le citoyen donne son avis, opinion relayée ci-dessous par la rédaction.

La question du rajeunissement des forces de défense, particulièrement dans le contexte camerounais, est empreinte de complexité et d'ambiguïtés qui méritent une exploration approfondie. L'approche adoptée par le chef de l'État, chef des armées, vis-à-vis de la demande formulée par les officiers d'une extension de deux ans de leur durée de service soulève non seulement des interrogations sur la cohérence des décisions politiques, mais également sur la pertinence d'un cadre réglementaire qui semble obsolète à la lumière des réalités contemporaines.

Le rajeunissement des forces de défense est un impératif stratégique qui vise à moderniser et à revitaliser les effectifs militaires afin de garantir leur adaptation aux défis de plus en plus complexes du XXIe siècle. Ce processus est fondamental pour assurer non seulement la continuité des opérations militaires, mais aussi pour favoriser l'innovation et l'intégration des nouvelles technologies. En théorie, les 21 textes promulgués en avril 2001 devraient faciliter cette transition en imposant des limites d'âge pour le départ à la retraite des officiers non généraux. Cependant, la mise en œuvre de ces dispositions se heurte à des incohérences notables, en particulier lorsqu'il s'agit des officiers généraux, dont l'âge de départ à la retraite s'étend entre 63 et 67 ans, mais qui, dans la pratique, se retrouvent souvent en service actif bien au-delà de ces limites (65 à 83 ans), créant ainsi un véritable décalage générationnel au sein des forces.

Il est essentiel de souligner que ce déséquilibre intergénérationnel engendre des conséquences non négligeables sur la dynamique opérationnelle des forces de défense. La coexistence d'officiers généraux d'un âge avancé, qui peuvent incarner des valeurs et des approches traditionnelles, aux côtés de jeunes colonels, peut donner lieu à des tensions stratégiques et à des conflits d'interprétation des directives. Ce phénomène, loin d'être anodin, peut nuire à la cohésion d'une institution qui repose sur la confiance et la synergie entre ses hommes. L'absence d'une continuité harmonieuse entre les générations peut également freiner l'émergence de nouvelles idées et d'approches novatrices, essentielles pour faire face aux défis sécuritaires actuels.

Les cas d'armées telles que celle du Mali, qui ont su orchestrer une gestion efficace de la transition générationnelle, offrent un cadre de référence précieux. L'armée malienne, par sa capacité à renouveler ses effectifs tout en maintenant une structure hiérarchique cohérente, démontre qu'un équilibre générationnel favorable est non seulement souhaitable, mais également réalisable. Ce modèle pourrait servir de catalyseur pour les forces de défense camerounaises, leur permettant de tirer des leçons d'une gestion proactive des ressources humaines militaires, en évitant les écueils d'une pyramide déséquilibrée.

La réalité actuelle, où 98 % des officiers généraux dépassent l'âge de 73 ans, ne peut que susciter l'inquiétude. En effet, la présence de généraux âgés, dont la longévité au sein de l'appareil militaire peut s'avérer contre-productive, alimente des interrogations quant à leur capacité à s'adapter aux mutations rapides du paysage sécuritaire mondial. Les jeunes officiers, qui pourraient apporter une vision dynamique et contemporaine, se retrouvent souvent en position d'infériorité, limitant ainsi leur capacité à s'affirmer et à exercer un leadership effectif.

Par ailleurs, la question de l'équité et de la justice au sein des forces de défense est cruciale. La décision du Chef de l'État de refuser l'augmentation de deux ans pour les colonels, tout en maintenant en service actif des généraux ayant atteint un âge avancé, apparaît comme une contradiction manifeste.

Une telle disparité ne peut être justifiée par des considérations réglementaires seules ; elle doit être replacée dans un cadre plus large qui tienne compte des impératifs de renouvellement et d'efficacité opérationnelle.

Pour tout dire, la situation actuelle des forces de défense camerounaises marquée par un déséquilibre générationnel prononcé et une gestion des carrières questionnable, appelle à une réflexion approfondie très urgente. La nécessité de rétablir un équilibre entre les générations, afin d'assurer une dynamique opérationnelle fluide et efficace est plus pressante que jamais. L'avenir des forces de défense dépendra non seulement de leur capacité à s'adapter aux défis contemporains mais aussi à leurs aptitudes à instaurer un climat de confiance et de coopération entre les différentes générations qui les composent. C'est à cette condition que les forces de défense pourront véritablement relever les défis qui se posent à elles et garantir la sécurité de la nation.

Source: www.camerounweb.com