Le football professionnel camerounais traverse une période de turbulences financières. Entre subventions étatiques, malversations présumées et opacité gestionnaire, le système révèle des dysfonctionnements profonds qui menacent l'avenir du sport roi dans le pays. Décryptage d'une crise qui illustre les défis de la gouvernance sportive en Afrique.
Arrêt Majeur : Sur la subvention de l’Etat au football professionnel !
Par Alain Denis Ikoul
Si le football professionnel ne fonctionne pas bien au Cameroun, c’est parce que les dirigeants et politiques, et du Football ne veulent pas qu’il fonctionne. Il faut dire d’entrée de jeu que dans tous les États au monde, l’Etat a toujours été au centre du décollage du football professionnel. Même dans les pays développés, l’Etat a toujours mis la main à la patte à travers une forte subvention sur plusieurs années pour faire décoller le football. Au Cameroun aussi, l’Etat n’a pas rien fait pour son football professionnel.
Les ressources du football professionnel au Cameroun
En prenant pour borne chronologique l’avènement de la LFPC au Cameroun, le football professionnel au Cameroun a généralement eu pour ressources, les subventions de l’Etat, l’apport de la FECAFOOT, et l’apport des sponsors.
Depuis le général Semengue à la Ligue, l’Etat octroie 350 millions pour l’organisation du football professionnel, ainsi qu’une dotation spéciale de 560 millions octroyés par le Chef de l’Etat. Les 560 millions avaient été obtenus par le Général auprès de son ami le chef de l’Etat en complément aux salaires des joueurs. Et ces deux montants selon nos informations, ont été versés au nouvel exécutif chaque saison pour le football professionnel, soit un total de 910 millions.
Outre cet apport de l’Etat (910 millions), la fédération camerounais de Football, de ses propres caisses, octroyait au football professionnel 400 millions par an. Ce qui suppose qu’en début de saison, la Ligue était assurée d’avoir dans ses caisses un total de 1,31milliards de FCA. À cela s’ajoutait donc l’apport des différents sponsors qui a fluctué au fil des années.
Pourquoi le torchon brûle aujourd’hui ?
Ces derniers jours, on a vu plusieurs correspondances dans l’espace public. FECAFOOT, SGPR, MINSEP et SGPM, on a tout lu. Mais à la vérité toutes ces correspondances trahissent une seule chose: LA MAL GOUVERNANCE.
• Mal gouvernance parce que malheureusement, les dirigeants actuels de la fédération qui par le passé tiraient les ficelles (commanditaires) pour faire tomber la Ligue de Football Professionnel, n’ont jusqu’ici rien fait pour la réhabiliter. En réalité, c’est la Ligue qui devrait gérer tout cet argent. Mais n’allez pas me demander pourquoi l’icône après 3 ans, dépense plus d’énergie sur d’autres choses inutiles que sur ce chantier important qu’est la réhabilitation de la LFPC.
• Mal gouvernance parce que contrairement à ce qui se passait auparavant, la fédération aujourd’hui (qui ne fait d’ailleurs pas de bilan financier depuis 3 ans) ne dit pas clairement combien elle-même apporte pour accompagner le football professionnel. C’est de l’opacité totale. Un flou absolu.
• Mal gouvernance parce que la fédération qui demande aux clubs de justifier les 48 millions qu’elle leur promet et ne donne jamais, n’a elle-même jamais justifié l’argent qu’elle perçoit de l’Etat. L’exemplarité a foutu le camp, mais croyez moi, la petite expérience me dit que même dans 10 ans, l’Etat demandera des comptes à ces dirigeants fédéraux actuels, où qu’il soient. Et il y aura des pleurs.
• Mal gouvernance parce que tout part du l’Etat lui-même qui à mon sens ne peut se permettre de remettre autant d’argent à une fédération, et ne venir demander des comptes que trois ans plus tard: ce laxisme rend l’Etat complice.
Vers quoi se dirige-t-on ?
Il faut déjà préciser que les correspondances du SGPM et du SGPR n’ont pas le même destinataire, mais surtout ne parlent en réalité pas du même argent. La fédération a écrit au SGPR pour demander 560 millions qui rentrent dans le cadre de la dotation spéciale du Chef de l’Etat tel qu’expliqué plus haut, or le SGPM écrit au MINFI sur les 350 millions qui représentent la dotation annuelle (subvention) du gouvernement au football professionnel. Le dénominateur commun et unique entre ces correspondances est juste le fait qu’elles sont relatives au football professionnel, mais ce sont « des argent » différents, issus de deux lignes budgétaires distinctes. La fédération dans sa manipulation légendaire veut laisser l’opinion penser que la lettre du SGPM relative à la mise à disposition de la subvention à la fédération bat en brèche la volonté du gouvernement de transférer les fonds directement aux clubs.
Il faut aussi remarquer que si le SGPM écrit au MINFI pour lui demander d’octroyer 350 millions (et non 560) à la fédération, cela voudrait simplement dire qu’à la même date du 20 novembre, la fédération a aussi écrit au Premier ministre pour demande 350 millions, en même temps qu’elle écrivait au SGPM pour demander 560 millions.
Conformément au très hautes instructions du chef de l’Eta du 10 février dernier, vu les différentes malversations et bruits autour de l’organisation des championnats professionnels, l’Etat, si la fédération ne justifie pas l’usage fait des fonds à elle alloués pour ces championnats d’élite depuis 3 ans, pourrait REPRENDRE LES CHOSES EN MAIN comme avec les LIONS INDOMPTABLES.