La principale accusée poursuivie pour assassinat en coaction a écopé d’une peine d’emprisonnement à vie alors que sa supposée complice a été purement et simplement acquittée pour faits non établis.
C’est l’histoire tragique d’un assassinat par empoisonnement d’une mère et ses trois enfants qui est arrivée à son terme devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi le 12 juillet 2022. Félicité Miroume Maloume, l’accusée principale, et Delphine Mbangue, sa supposée complice, écrouées à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis le 30 mars 2021 étaient poursuivies pour les faits d’assassinat en coaction. Au terme des débats, le tribunal a déclaré Delphine Mbangue non coupable de faits d’assassinat en coaction qui lui étaient imputés. Il a ordonné sa remise en liberté immédiate. Après avoir écarté cette dernière des poursuites judiciaires, le collège des juges a requalifié les faits initiaux en ceux d’assassinat mis désormais à la charge de Félicité Miroume Maloume avant de l’en déclarer coupable. Les juges lui ont accordé des circonstances atténuantes en sa qualité de délinquante primaire et lui ont infligé la peine de prison à vie.
Selon les débats, les faits au centre du procès remontent au mois de mars 2021 au quartier «Manguiers» à Yaoundé. Il en ressort que Félicité Miroume Maloume partageait le même toit avec sa sœur ainée, Mme Mokonyo, et ses trois enfants dont une fille et deux garçons. Il s’agit de Merdene; Souladom et Alla-Radji. La mère et ses trois étaient passés de vie à trépas en consommant un plat d’omelette préparé et servi par l’accusée Félicité Miroume Maloume. C’est cette dernière qui avait dénoncé Delphine Mbangue comme étant celle qui lui avait donné un condiment utilisé dans la préparation des œufs le jour du crime.
Au puits à 20h…
Lors de l’ouverture des débats à l’audience du 14 décembre 2021, Félicité Miroume Maloume, qui était subitement devenue muette devant la barre, avait reconnu les faits qui lui sont reprochés par un «oui» à peine audible. Un mutisme qu’elle a entretenu pendant tout le procès, obligeant souvent le tribunal à insister pour lui arracher les réponses aux questions posées. Elle avait néanmoins laissé entendre que le condiment que lui avait donné sa coaccusée et dont elle ignore le nom, était un poison. Un détail a pesé dans la conviction du tribunal : l’accusée avait feint d’aller puiser de l’eau au puits à 20h après avoir servi aux victimes le repas empoisonné. Elle a été interrogée à ce sujet. Comme toujours, Mme Miroume Maloume est restée bouche cousue.
Delphine Mbangue avait, pour sa part, clamé son innocence. «Je ne connais rien de cette histoire. Je n’étais pas avec elle quand elle préparait les œufs qui ont donné la mort à sa sœur et ses enfants. Elle m’a faussement impliquée dans cette affaire», avait-t-elle martelé. Les arguments de défense de Mme Miroume Maloume n’avaient pas convaincu le parquet qui avait requis sa condamnation à une peine exemplaire. L’avocat de cette accusée n’a pas pu sauver la tête de sa cliente, le tribunal ayant suivi le ministère public. Mme Miroume Maloume va donc passer tout le reste de sa vie dans les geôles sauf dans le cas où une juridiction supérieure infirme ce jugement ou qu’elle bénéficie d’une décision de grâce présidentielle. Il faut préciser que le tribunal a prononcé son verdict en l’absence des Ayants-droit de la défunte qui n’ont pas comparu lors de ce procès.