Le Camerounais Philémon Yang, 76 ans, devrait officiellement prendre pour un an la présidence de la 79e Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU) en juin prochain. Il succédera ainsi à Denis Francis de Trinité-et-Tobago. Le poste est quasiment acquis au Cameroun, selon un haut responsable de la présidence camerounaise contacté par Le Monde.
Le suspense a été entretenu par l'Afrique du Sud jusqu'à la réunion du Conseil exécutif de l'Union africaine du 16 février à Addis-Abeba, suscitant quelques incompréhensions à Yaoundé. Cependant, Pretoria a finalement retiré la candidature de son ancienne ministre des services publics, Geraldine Joslyn Fraser-Moleketi.
Le Cameroun a fait campagne pour son ancien premier ministre, demandant officiellement le soutien des ambassadeurs accrédités à Yaoundé dans son discours de vœux au corps diplomatique le 5 janvier. Philémon Yang peut ainsi compter sur la bienveillance du président Paul Biya dont il fut dix ans le premier ministre. Depuis qu'il a été remplacé à ce poste en janvier 2019, cet anglophone de la région du Nord-Ouest, où sévit depuis 2017 un conflit entre mouvements séparatistes et forces armées camerounaises, est resté dans les arcanes du pouvoir.
Nommé grand chancelier des Ordres nationaux, dont le bureau est installé à la présidence de la République, Philémon Yang est resté convié à toutes les cérémonies officielles, jamais assis bien loin du chef de l'Etat. Sa candidature pour la présidence de l'AG de l'ONU a tout de suite été validée par les pays de la Ceeac, car c'est une figure connue de cet espace où il a très souvent représenté le président lors des sommets.
Ancien procureur, Philémon Yang a gravi les échelons dans l'ombre de Paul Biya qui le nomma vice-ministre de l'administration territoriale en juin 1975, alors que lui-même venait fraîchement d'être désigné premier ministre par le président Ahmadou Ahidjo. Taiseux et pondéré, vivant modestement d'après ses proches, il a passé vingt ans (1984-2004) comme ambassadeur du Cameroun au Canada et a été épargné par les poursuites quand plusieurs ministres des gouvernements qu'il a dirigés entre 2009 et 2019 sont aujourd'hui détenus, condamnés après avoir été accusés de détournement de deniers publics.
A New York, si des tractations se poursuivent pour la constitution du bureau de la 79e Assemblée générale de l'ONU, l'ancien premier ministre s'apprête à vivre déjà une nouvelle vie, engagé dans la résolution des crises du monde et loin des guerres intestines de la vie politique camerounaise.