Une demi-douzaine de députés sont passés de vie à trépas au cours de cette législature, sans que le corps électoral ne soit convoqué dans les circonscriptions endeuillées selon la loi électorale du 19 avril 2012.
Coup de tonnerre sous le ciel de Ngoa Ekellé.
Mardi 10 octobre 2017, la faucheuse qui planait au dessus du Palais des verres, siège de l’Assemblée nationale du Cameroun à Yaoundé, vient de sévir à nouveau. Le député Lisinge Ekeke Arthur a rendu l’âme.
Selon la cellule de communication de l’Assemblée nationale,l’élu du peuple d’obédience Rdpc du Fako dans la région du Sud-ouest passé l’arme à gauche de suite d’une maladie qui a fini par le terrasser. Membre de la commission de la production, Lisinge Ekeke Arthur avait des soucis de santé depuis des mois. Ce qui lui a valu un voyage à Prétoria en Afrique du sud où, selon des sources concordantes il aurait subi une opération chirurgicale.
Bon à savoir, il s’agit du troisième député de la formation politique au pouvoir qui tire sa révérence en l’espace de huit mois au cours de cette 9e législature. Le 14 mai 2017, Dieu a rappelé le député Madjele, députée Rdpc de la circonscription de Mayo-Kani dans la région de l’Extrême-Nord et membre de la commission des affaires étrangères.
Quelques jours plus tôt, le 27 février 2017, Joseph Mboui, alors âgé de 79 ans, député de la Sanaga maritime, ancien ministre de l’Education nationale, universitaire de haut vol, quittait la scène après une longue maladie aussi. En remontant, il est loisible de constater également que le 21 août 2015, l’élu du Mayo Tsanage cassait la pipe des suites de maladie à Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord.
Auparavant, le 19 mars 2014, Jean Claude Mpacko Kotto passe l’arme à gauche, fauché à Paris par une vilaine maladie. La terre du village Mangamba dans le Moungo, région du Littoral se refermait sur l’un des brillants hommes politiques du Moungo.
Des lois comme des loisirs
Comme on peut l’apercevoir, jamais le président de la République n’a convoqué le corps électoral dans le cadre d’une élection partielle prescrite pourtant par la Loi N°2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral. Le régime de Yaoundé s’est toujours donné un malin plaisir à piétiner ses propres lois quand ce n’est pas piétiner et chiffonner pour ainsi dire la Constitution. Le titre V relatif aux dispositions spécifiques à l’élection des députés à l’Assemblée nationale dispose en son chapitre premier portant mandat et mode de scrutin, article 155 alinéas 1à 5 que : «(1) Lorsqu’il se produit une ou plusieurs vacances définitives par suite de décès, démission du titulaire et du suppléant ou de tout autre cause dans une circonscription électorale, il est procédé à des élections partielles dans les douze (12) mois qui suivent la vacance.
Les élections partielles se déroulent à l’échelon de la circonscription électorale concernée, comme précisé aux articles 153 et 154 cidessus. (3) Lorsqu’il se produit une vacance définitive dans une circonscription électorale ayant plusieurs sièges, l’élection a lieu au scrutin uninominal. (4) Seuls les partis politiques ayant pris part aux élections générales dans la circonscription électorale concernée peuvent participer aux élections partielles. (5) Il n’y a pas lieu à l’élection partielle si la vacance se produit moins d’un an avant la fin de la législature».
Pour mémoire, les législatives se sont déroulées le 30 septembre 2013 de manière couplée avec les municipales. C’est dire qu’au 30 septembre 2018, le mandat des députés sera forclos. Moins d’un an avant cette échéance, il n’est plus mathématiquement possible d’organiser des élections partielles et conformément à la loi qui régit le Code électoral en vigueur. Or, le régime de Yaoundé, depuis 2014, année de la mort du député Mpacko, aurait dû organiser ces élections partielles.
Le laxisme, l’immobilisme, l’inertie ayant eu raison du bon sens qui n’est plus la chose du Renouveau la mieux partagée. Comme scande un artiste contemporain, Papillon pour le nommer, malheureusement, «les lois sont des loisirs» au pays de Paul Biya, où force n’est jamais revenue à la loi.