Ulcérés par les propos jugés tribalistes du directeur de cabinet de la Chambre basse du Parlement, mais jamais condamnés par le président de l’Assemblée nationale qui continue d’entretenir une gestion avaricieuse des postes au sein du bureau, les députés du Nord-Ouest, sous la coordination de l’honorable Njingum Musa, menacent de boycotter la session de novembre si le Dircab n’est pas déchu de son poste.
Affaire non classée ! « J’ai dit à notre père Cavayé Yeguié Djibril qu’il a donné, pendant plus de vingt ans, les gros postes de l’Assemblée nationale aux gens d’ailleurs. Maintenant c’est au tour des enfants de Tokombéré […] Nous avons arraché le poste de conseiller spécial entre les mains d’un ressortissant de Tcholliré […] Nous avons aussi arraché celui de chargé des caisses du président des mains d’un anglophone de Mbengwi, dans le Nord-Ouest, et nous l’avons donné à votre enfant ».
Un mois après cette sortie enflammée du directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale (le 28 août 2023), à l’occasion de la finale d’un championnat de football à Tokombéré, dans l’arrondissement d’origine de Cavayé Yeguié Djibril, les élus du peuple originaires de la région du Nord-Ouest, remettent le sujet sur la table et exigent que le Pan rende gorge.
Choqués que la sortie incendiaire de Boukar Abdourahim soit restée impunie en dépit du tollé que cela a suscité au sein de la Chambre basse du Parlement et même dans le sérail, les députés du Nord-Ouest (20 au total) sous la coordination de leur aîné Hon Njingum Musa, menacent de boycotter la session de novembre si l’auteur de ces déclarations qui, croient-ils savoir, ont relancé le débat autour des soupçons de clientélisme qui entourent la gestion de l’Assemblée nationale, n’est pas démis de ses fonctions.
À la vérité, ces élus du peuple se seraient attendus à une réaction forte de Cavayé Yeguié pour au moins condamner la sortie de son homme de main lors de cette 9e édition du « Tournoi Aziz » qui célébrait curieusement les valeurs de paix, d’unité et de vivre-ensemble.
Mais, le silence (complice) de l’inoxydable président de l’Assemblée nationale témoigne à suffire de son assentiment face à ces propos visant à militer pour le positionnement de ses frères et sœurs du Mayo-Sava à des postes stratégiques dans l’appareil de l’État. Toute chose que les députés refusent de cautionner. D’ailleurs, pour faire entendre leur voix de façon officielle, « ils ont adressé une correspondance au Pan le vendredi 22 septembre », renseigne une source bien introduite à l’auguste Chambre.
Dans cette volumineuse lettre aux allures de brulot, ils expriment leur frustration. « Ils soutiennent que la discrimination dont ils sont sujets à l’Assemblée nationale est indescriptible. Pendant les années antérieures, le Nord-Ouest avait quatre postes au bureau. Pendant les trois dernières mandatures, ces postes étaient occupés à 75 % par le SDF et 25 % par le RDPC. Mais depuis que le parti au pouvoir a raflé tous les 20 sièges du Nord-Ouest, ils n’ont plus qu’un seul poste au bureau », révèle notre source. De quoi se demander si le Pan se sent plus confortablement entouré avec le SDF qu’avec le RDPC.
Le dossier sur la table de Jean Nkuete. Pour soutenir leur postulat, ces députés brandissent des documents où sont consignés les juteux avantages réservés exclusivement aux membres dudit bureau et assimilés. Entre crédits d’achat et d’entretien de véhicules, primes d’installation et indemnités pour congés évalués à des dizaines de millions de francs CFA, les plaignants se disent indignés de ce qu’en cette période de crise où ils espéraient avoir le plus grand soutien de leur Pan « pour pouvoir assister leurs populations afin de les éloigner du terrorisme, ils observent plutôt le contraire ».
Là où le bât blesse, c’est qu’aucun d’eux n’occupe un poste de représentation au sein des parlements comme la Cemac ; l’ACP/Union européenne ; l’Union panafricaine ; le Commonwealth… Suffisant pour frapper du poing sur la table et refuser d’être éternellement orphelins des postes juteux.
Dans la foulée, apprend-on, les députés du Nord-Ouest ont également saisi le Secrétaire général du Comité central du RDPC à travers le président du groupe parlementaire pour « attirer l’attention de la plus haute instance du parti en ce qui concerne notre situation. Nous voulons que cette injustice soit réparée lors de la réorganisation des bureaux dans les mois à venir. Car, nous pensons que le Nord-ouest mérite mieux et c’est un droit », commente un des signataires, joint au téléphone par nos soins. Affaire à suivre !