Le ministre de l'Administration territoriale, malgré sa super puissance, a laissé faire un de ses collaborateurs qui a pris une décision dont les conséquences pourraient être grave pour la diplomatie camerounaise.
Le sujet est suffisamment sensible pour remonter jusqu’au ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République et au secrétaire général des services du Premier ministre. Les deux personnalités sont en copie de la lettre du ministre des Relations extérieures (Minrex), adressée à son collègue de l’Administration territoriale (Minat) pour lever la mesure du sous-préfet de Mouanko suspendant provisoirement la communauté nigériane de toute l’activité de pêche. La lettre datée du 31 juillet a largement été partagée dans les réseaux sociaux, sur fond d’humour. La raison tient au motif de la mesure sous-préfectorale.
En effet, le 25 juillet, l’autorité administrative en question, Roland Ngah Koa, a suspendu, à titre provisoire, les ressortissants nigérians de cette localité, « de toute activité de pêche au motif que cette communauté sœur et étrangère a boycotté les commodités relatives aux préparatifs de la fête nationale du 20 mai 2023 et la tenue des Cca et Cco des 26 et 27 mai 2023 à Mouanko », rappelle le Minrex, Lejeune Mbella Mbella.
À la cellule de communication de ce ministère, personne n’a souhaité se prononcer sur le sujet. C’est manifestement pour éviter un incident diplomatique et pour ne pas entacher le 15ème anniversaire de la rétrocession de la péninsule de Bakassi que le chef de la diplomatie camerounaise saisit Paul Atanga Nji (le Minat). « Il me plaît de relever qu’à l’aube de la célébration du 15ème anniversaire de la rétrocession de la péninsule de Bakassi au Cameroun par le Nigéria, qui sera rehaussé par la présence de l’ancien président nigérian, S.E. Olesegun Obasanjo, en qualité d’invité d’honneur du chef de l’État S.E. Paul Biya, l’écho d’une telle décision ne manquerait pas de susciter des spéculations quant au traitement réservé à la communauté nigériane vivant au Cameroun », écrit le Minrex.
Même sans le dire expressément, Lejeune Mbella Mbella semble tétanisé par la décision du sous-préfet, laquelle viole un droit fondamental. « En entravant l’exercice du droit au travail, qui est l’un des droits élémentaires de tout être humain, sous le prétexte de la non contribution aux préparatifs de la fête du 20 mai 2023, cette décision pourrait entacher l’excellence des relations bilatérales qui existent si heureusement entre nos deux pays amis et peuples frères », écrit-il. Et de conclure en invitant le Minat à prendre des dispositions, « dans l’effet de préserver la cohésion sociale et l’harmonie, au sein de cette unité administrative ».