Atangana Kouna et Théodore Nsangou à couteaux tirés

AtanganaKouna Atangana Kouna

Sun, 19 Jul 2015 Source: L'Equation

Le Directeur Général d’EDC, poursuivi pour détournement de près 200 millions de FCFA «de nourriture» à Lom Pangar, accuserait le ministre de l’Eau et de l’énergie d’instrumenter toutes les procédures dans ce sens.

Le site de construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar fait l’objet d’une attention particulière au regard des intérêts multiformes qui sont mis en jeu dans le cadre de ce projet. Et une saine gestion impliquant le respect du droit et de l’éthique ne faisant pas toujours partie, dans la plupart des cas, des principes des dirigeants camerounais, la gestion de la société Electricity Development Corporation (EDC), sur le plan comptable, serait en délicatesse avec les principes de bonne gouvernance. Et c’est dans ce sens que le nom de Théodore Nsangou, directeur général de ladite structure, défraie la chronique avec des faits «d’abus de fonction, de clientélisme et de rétention sans droit de la chose d’autrui».

A l’origine du problème, des appels à manifestation d’intérêt régulièrement soumissionnés par les Etablissements Ok-Now Africa pour la restauration des employés du site du projet. Bien qu’ayant reçu quitus pour l’exécution dudit marché, l’enthousiasme manifeste des Etablissements Ok-Now Africa s’est estompé peu à peu face aux agissements du directeur général d’Electricity Development Corporation (EDC). Lequel, motivé par des intérêts égocentriques, a multiplié des stratagèmes et autres manigances pour obstruer l’exécution dudit marché. Sur ces entrefaites, on ne sait pas si la chose doit être attribuée à l’anecdote qui trouve à cette occasion à s’enrichir de tant d’activisme.

Mais, quelques esprits, trop bien informés ou spécialement malveillants ont cru devoir répandre le bruit selon lequel Théodore Nsangou aurait détourné plus de 200 millions de FCFA après avoir rompu abusivement le contrat liant CWE avec les Etablissements Ok-Now Africa de dame Karine Ogoonoum. Et dans cette lancée, la complicité de l’entreprise China International Water and Electric Corp (CWE), est fortement établie. Selon des informations révélées par le journal bilingue 21st Century Challenges dans son édition de la semaine dernière, la résiliation unilatérale de ce contrat de restauration des ouvriers sur le site du projet de Lom Pangar a causé des dommages et intérêts estimés à plus de 265 millions de FCFA.

S’agissant des faits, Mme Ogoonoum avait obtenu des bailleurs de fonds que le prix du plat de nourriture soit revu à la hausse (de 400 à 800F). La restauratrice s’est ainsi déployée pour remplir sa part d’obligations contractuelles. À l’opposé, EDC et CWE ont multiplié des stratagèmes pour paralyser l’activité des Etablissements Ok-Now Africa. Et sans qu’aucune circonstance de droit ne l’ait exigé, un nouvel appel à manifestation d’intérêt pour le recrutement d’un nouveau prestataire devant assurer la nutrition des ouvriers sur le site a été lancé. Sans que le précédent soit arrivé à échéance. Une façon de maquiller le forfait des détournements qui ont été commis dans l’intervalle.

C’est ainsi que le contrat de dame Ogoonoum a été suspendu, avec effet rétroactif de la contraindre de s’exécuter immédiatement. Plus grave: les responsables d’EDC et CWE se sont introduits dans les locaux occupés par Ok-Now Africa et ont emporté matériel et réserves de ladite structure.

L’inquisition du Minee

Au moment où le directeur général d’EDC et ses compères chinois se complaisent dans des micmacs de toutes sortes dans le cadre de cette affaire, le ministre de l’Eau et de l’Energie, dans un sursaut surprenant de bonne gouvernance, vient de s’apercevoir des irrégularités managériales criardes dans le cadre de la rupture abusive du contrat liant les Etablissements Ok-Now Africa à Electricity Development Corporation. Le prétexte est ainsi tout indiqué pour en savoir davantage sur le contrat liant les deux parties et relatif à la restauration des employés du barrage de Lom Pangar. Par courrier (le journal bilingue 21st Century Challenges publie les facsimilés), le ministre Basile Atangana Kouna demande à Théodore Nsangou de trouver une solution à l’amiable, et notamment de régler aux Etablissements Ok-Now Africa les dommages et intérêts estimés à 265 731 760 FCFA.

Cette démarche du ministre de l’Eau et de l’Energie n’est malheureusement pas bien assimilée par le directeur général de l’EDC. Lequel estime pour sa part que Basile Atangana Kouna, à travers une telle ingérence dans la gestion courante de l’EDC, n’est pas dans son rôle. Et pourtant, il est clairement établi que le ministre de l’Eau et de l’Energie assure la tutelle de Electricity Developpement Corporation et peut, par conséquent et de manière légitime, donner son avis sur toutes affaires à même d’entraver le bon déroulement du projet relatif au barrage de Lom Pangar.

Et du coup, le prétexte est ainsi tout donné pour le lancement d’une campagne au vitriol par les partisans de Théodore Nsangou contre le ministre Basile Atangana Kouna. Au centre de cette cabale pour sauver l’image d’une EDC dont le directeur général est désormais sur des charbons ardents, ses complices chinois de la China International Water. Et lorsqu’on connait les vives tensions observées autour de ce projet ces dernières semaines, il y a lieu de se poser des questions sur les motivations réelles des soulèvements des ouvriers. A qui profitent tous ces remous autour de la construction du barrage de Lom Pangar ?

Pourquoi les responsabilités autour de ces agitations ne sont-elles pas toujours clairement établies ? Alors qu’il est poursuivi par les Etablissements Ok-Now Africa pour répondre des faits d’«abus de fonction, de clientélisme et de rétention sans droit de la chose d’autrui », le directeur général de la société Electricity Development Corporation demeure sourd aux injonctions de sa tutelle. Aussi, ne manque-t-il pas d’inverser les rôles en privé en jouant curieusement la victime : «J’ai été consulté. Je serai bientôt ministre de l’Eau, voilà pourquoi Atangana Kouna est jaloux de moi et veut me mettre des bâtons dans les roues». Incroyable !

Source: L'Equation