Les candidats à la candidature pour la présidentielle du 25 février 2024 au Sénégal ont entamé, le 27 septembre, la course aux parrainages. Même si ce critère existe depuis des décennies dans l’arsenal juridique électoral sénégalais, il continue à diviser, à mesure que la présidentielle approche.
Difficile de s’insérer dans l’agenda d’Aminata Touré, durant toute la journée du 3 octobre. Avec sa grande silhouette, "Mimi" est à pied d’œuvre dans la coordination d’une réunion avec ses 14 délégués régionaux qu’elle a réussi à faire venir à Dakar, pour coordonner les opérations de collecte des parrainages.
«C’est une opération que nous préparons depuis des mois, et que nous nous apprêtons à opérationnaliser », lance-t-elle rapidement au téléphone, quand on parvient à lui arracher quelques mots entre deux conversations qu’elle alterne entre le français et le wolof avec ses convives.
Ancienne première ministre et ancienne membre de la coalition au pouvoir dont elle a récemment claqué la porte, "Mimi" compte briguer un mandat présidentiel, en 2024.
C’est l’élection la plus courue de l’histoire politique du pays, à en croire le nombre de prétendants au siège suprême déjà enregistrés.
Une semaine après le début du processus de retrait des fiches de parrainages à la Direction Générale des Elections (DGE), au moins 200 aspirants à la candidature ont déjà toqué à la porte, pour retirer le précieux sésame.
« Au dernier pointage, le 3 octobre, nous étions à 206 retraits de fiches » a rapporté mercredi à BBC Afrique, Biram Sene, un responsable de la DGE.
C’est cette fiche qui permettra aux potentiels candidats, de solliciter des parrainages sur le terrain, afin de voir leurs candidatures validées, pour concourir à la prochaine présidentielle.
En fonction des choix, l’article 120 du code électoral sénégalais fixe à un minimum de 0,6 % et un maximum de 0,8 % de signatures des membres du corps électoral, si l’on décide de solliciter les électeurs comme parrains.
Sinon, le candidat aura besoin des signatures de 8 % des députés dont le mandat est en cours à l’assemblée Nationale, à défaut d’avoir 20 % de maires et présidents de conseils départementaux.
Concrètement, cela fait entre 44.231 et 58.975 signatures d’électeurs venant de 7 régions sur les 14 que compte le pays, avec un minimum de 2 000 par région, pour ceux qui auront choisi de solliciter les électeurs.
Pour ceux qui choisissent les élus, ils ont besoin de 13 députés ou 120 maires et présidents de conseils départementaux.
Les opérations doivent se terminer au plus tard 83 jours avant le scrutin. La présidentielle étant prévue pour le 25 février 2024, la fin des opérations devrait tomber entre le 3 et le 5 décembre prochain, selon notre propre décompte.
Le Conseil constitutionnel procèdera alors à l’examen des listes des parrainages pour y déceler des potentielles irrégularités dont des doublons susceptibles de causer l’invalidité des parrainages, et les notifiera aux candidats ou à leurs représentants, qui ont 48h pour y remédier, précise le code électoral.
Coordonnatrice des parrainages du président Macky Sall lors de la présidentielle de 2019 et lors des dernières législatives pour le compte de la coalition Benno Bokk Yakkar, elle compte faire bon usage de l’expérience acquise lors des précédents exercices, pour mener à bien sa collecte des parrainages.
Un brin d’hésitation dans la voix, elle reste tout de même prudente, « c’est à la fin qu’on verra », lance-t-elle.
Des représentants du parti ont essayé de se procurer une fiche de parrainages pour participer au processus électoral en cours, mais ils se sont vus servir une fin de non-recevoir.
Pour les proches de l'opposant arrivé troisième lors de la dernière présidentielle, il s'agit des manœuvres politiques simplement orchestrées pour éliminer leur candidat, prenant pour exemple en 2018 et 2019, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, alors en délicatesse avec la justice, avaient réussi à collecter des parrainages.
En proposant le projet de loi sur les parrainages en 2018, les autorités avaient expliqué que la procédure permettra de simplifier la lisibilité des choix politiques proposés aux citoyens, évitera à l’Etat des dépenses inutiles en frais de campagne pour les candidats "fantaisistes" et favorisera une organisation plus allégée du scrutin.