Un problème d’indemnisations à l’origine du blocage qui dure depuis jeudi dernier au lieu-dit Nkolmeyang dans la Lékié.
Depuis jeudi dernier, les populations de quatre villages de l’arrondissement de Lobo dans la Lékié (Nkongmessa, Nkolmeyang, Tsek et Lobo), ont élu domicile sur le chantier de l’autoroute Yaoundé-Douala. Hier encore, une centaine d’entre elles, hommes, femmes et jeunes, ont passé la nuit sur le site, à la belle étoile.
L’équipe de CT les a trouvés en train de préparer le petit déjeuner. Au menu : prunes, plantains et maïs grillés, pain et œufs durs, etc. Il est 12 h et dans ce village, le mécontentement est général : « Nous revendiquons simplement nos droits. Certains d’entre nous étaient membres de la commission d’évaluation des biens et personnes à indemniser. A la fin, nous avons signé un document de près de 900 personnes. Aujourd’hui, on nous brandit un document avec 300 noms. En plus, les frais d’indemnisation ont été réduits. Pourquoi ? », se demande Jean Marie Assougna, chef du village Lobo, porte-parole des villageois.
Une copie du document à problème nous est présentée. On peut y lire : « Décret N°2015/1318/PM du 15 juin 2015, portant indemnisation des personnes victimes de destruction de biens dans le cadre du projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, entre Pk 10 et Pk 20 dans l’arrondissement de Lobo, département de la Lékié, région du Centre ».
Il s’en suit une liste de 372 noms, avec des montants à percevoir. L’un des villageois s’en sort avec 4800 F. « Quelle moquerie », scande le chef du village, estimant que « même la plus minable des baraques ne peut pas valoir ce prix. L’administration nous associe à un travail qui demande parfois de débourser des frais de transport pour aller signer des documents à Obala. A la fin, elle fixe des montants arbitraires et nous les impose. Ce n’est pas juste », assure Denis Cyrille Onana Onana, chef du village Nkolmeyang.
Il faut dire que les grévistes ont posé deux barrages sur le chantier. Le plus gros du regroupement s’effectue justement à Nkolmeyang, Pk 10+800 du tracé. « On n’est pas ici par hasard. C’est le site de la grande famille Ongo qui compte plus de 17 sous-familles, dont aucun nom ne figure sur le décret du Premier ministre. Comment est-ce possible ? », demande Denis Cyrille Onana Onana.
Le second front de grève se trouve au Pk 15, où des vieillards sont installés sur un tronc d’arbre disposé au milieu de l’allée. On constate cependant que le terrassement est effectif sur plus de 15 kilomètres. En amont, entre le Pk 10 et Pk 0 (relevant du département du Mfoundi), des travaux se poursuivent, par endroits, pour des remblais ou la construction des ouvrages d’art.
Sur la base de la China First Highway Engineering Company Limited (CFHEC) en charge de la construction, des engins sont parqués çà et là. Ici, personne ne veut parler à la presse sans l’autorisation du maître d’œuvre, le ministre des Travaux publics.
Néanmoins, joint au téléphone, Patrick Simou Kamsu, préfet du département de la Lékié regrette la situation. Il relève que le travail fait à son niveau, dans le cadre de la sous-commission d’évaluation n’a pas été pris en compte au niveau central.
« Nous avons discuté avec les populations pour qu’elles soient patientes. Il y a une réunion dans les prochains jours avec le gouverneur pour tirer le problème au clair », explique le préfet. Entre-temps, la grève se poursuit.