Autoroute Yaoundé-Douala : Une œuvre majeure victime d'amateurisme

Autoroute Douala-Yaoundé

Thu, 13 Apr 2023 Source: www.camerounweb.com

S'Il était entiètement réalisée, l'autoroute Yaoundé-Douala serait sans aucun doute une réalisation majeure, avec un réel impact économique. Mais, après la réalisation de seulement 60 kilomètres en 10 ans, le projet est aujourd'hui dans l'impasse. Illustration même d'un rêve dont on se demande s'il finira un jour par devenir réalité.

Le projet d'autoroute Yaoundé-Douala est l'illustration même des problèmes que le Cameroun rencontre dans la gestion de ses projets d'infrastructures. Lancés il y a exactement 10 ans, dans le cadre des grands projets structurants, les travaux de cette importante infrastructure devaient permettre de construire une autoroute de 2X2 voies extensible a 2X3 voies. devant relier Yaoundé et Douala.

Cette autoroute devait permettre de diminuer de moitié le temps de voyage entre les deux villes, décongestionner la Nationale No 3, vulgairement appelée Axe lourd, aujourd'hui extrêmement accidentogène, soumise à un trafic de plus en plus important.

Mais au bout de 10 ans de travaux, seulement 60 kilomètres ont été réalisés, soit en moyenne six kilomètres par an, dans le cadre de ce qui est considéré comme la phase 1 du chantier. L'ouvrage commence non loin de la ville de Yaoundé pour s'achever quelque part dans la nature dans la localité de Bilodi. En plus, le coût a explosé. Pensez que pour les premiers 60 Km dont le coût était au départ évalué à 241,4 milliards de FCFA, un montant supplémentaire de 119 milliards de FCFA a été évalué pour l'achèvement des travaux. Les travaux de la phase 2, qui concernent le tronçon Bibodi-Douala, ont du mal à démarrer. Aux demières nouvelles, si on s'en tient à la visite du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, maître d'ouvrage de ce chantier, en fevrier dernier, l'actualité est plutôt au raccordement de la partie de l'autoroute déjà construite avec la RN3 entre, d'une

part, Bibodi et Boumnyebel (13 Km) et, d'autre part, au réseau urbain de Yaounde, par Nkolbisson (11 Km). Les travaux y relatifs, qui vont coûter quand même la bagatelle somme de 41,6 milliards de FCFA, sont en cours, avec tous les obstacles que l'on peut imaginer, notantment en rapport avec la libération des emprises.

Aveu d'échec

Que le Gouvemement mette à présent le raccordement à la RN3 sera sans aucun doute d'un apport pour les automobilistes voyageant entre Yaoundé et Douala. On est cependant obligé de reconnaitre qu'il s'agit d'un aveu d'échec. Tout se passe comme si, incapable de mener à bout le projet d'autoroute, c'est-à-dire les 139 Km de la Phase 2, le Gouvernement y avait finalement renoncé.

Le fait que le Cameroun n'arrive pas à trouver un partenaire pour la suite du chantier parce que des appels d'offres lancés depuis 2020 en vue du recrutement des entreprises ou groupement d'entreprises devant l'accompagner dans le financement, la construction et la maintenance de l'autoroute, sont restés infructueux, l'État n'arrivant pas à trouver le partenaire privé pouvant justifier d'une capacité financière appropriée pour mener les travaux.

Il faut dire que, selon des sources officielles, cette deuxième phase nécessite un financement de 818.8 milliards de FCFA.

Mais au-delà du problème de financement, il y a lieu de faire cet amer constat avec avec Bruno Ndongo Zinga, Expert en analyse de risques, conception et démarrage des projets et expert-consultant en Marchés publics, qui soutient : « Il n'a pas été possible d'assimiler le déroulement de ce projet, depuis son initiation jusqu'au stade actuelle de son exécution, à une démarche projet conforme et normalisée, similaire sinon proche de celle reconnue par la Norme et les Règles de l'Art » . A titre d'exemple, l'expert relève que « les études d'Avant-Projet détaillées n'étaient pas encore développées au moment de la pose de la lère pierre. Les indemnisations des emprises n'a été envisagée que lorsque les premiers engins sont arrivés sur le terrain.

L'optimisation et la maitrise des coûts des travaux, c'est-à-dire le respect du budget n'a jamais été une contrainte et le plus étonnant est que s'agissant d'un projet autoroutier, ni l'origine, ni la fin du tracé ne sont pas encore connues à date »
. Avant de conclure, évidemment les delais et les coûts ont conséquemment exposé dans un contexte d'amateurisme durablement installé dans sa conduite.

Source: www.camerounweb.com