Awara, c’est le nom barbare donné aux camions de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) qui terrorisent les vendeurs à la sauvette. Ces camions sont souvent des espèces de guimbardes qu’on peut difficilement accepter, même comme cadeau.
A moins d’avoir longtemps ramé pour faire inscrire son nom parmi les propriétaires de véhicules. L’autre jour, un de ces camions est donc passé au marché Melen à Yaoundé pour «mettre de l’ordre», en fait, semer la panique parmi les pauvres vendeurs à la sauvette.
Ledit camion était chargé de personnages hilares, vêtus de noir et qui ne dépareraient pas dans la descendance de Belzébuth. Des gens ivres d’un pouvoir sans limite qu’ils s’octroient, peutêtre ivres de beaucoup d’autres choses en réalité.
Rire carnassier sur les lèvres, ils ont arraché aux pauvres citoyens leurs marchandises et ont rempli l’arrière du camion. Fruits, babioles, chaussures, vêtements… Tout s’est entassé là sans le moindre reçu délivré aux légitimes propriétaires.
Ceuxci devaient simplement s’enfuir pour éviter de se faire écraser par le camion dont on peut se demander s’il a tous les documents réglementaires. Des citoyens ordinaires ont été horrifiés par cet acte de barbarie qui tend à se répéter, à se banaliser. C’est un comportement innommable qui montre bien que certains ne savent pas qu’on a changé les paroles de notre hymne national. Peu à peu, tu sors de ta sauvagerie.
Non, des gens y sont encore noyés jusqu’au cou et ils foncent tête baissée vers l’émergence de la… barbarie. Il paraît que cet acte odieux vise à faire la propreté à Yaoundé. Chiche alors! Dans une capitale où vous voyez beaucoup de plaques «interdit de pisser» sans qu’on sache où on peut le faire.
D’autres plaques rugissent: «Défense de jeter les ordures », et vous cherchez longuement, parfois en vain, un bac à ordures. Il y a comme cela une pléthore d’incongruités qui montrent que les ordures ne sont pas toujours où on les croit. Pour les vendeurs à la sauvette, tout le monde sait qu’on les retrouve dans toutes les grandes villes du monde. Il y en a à Paris où il y a tout un «marché aux puces».
Il y en a à NewYork, oui à NewYork. Partout on a des «débrouillards» mais eux, ne sont pas chassés comme des malpropres par des voyous, style les gens qui peuplent Awara. Dans ces jeunes camerounais pourchassés comme des insectes nuisibles, il y a des diplômés de l’enseignement supérieur.
Fatigués de constituer des dossiers de recrutement et de présenter des concours pour lesquels ils ne sont jamais chanceux, ils se sont résolus à vendre des babioles, juste pour vivre ou vivoter. Ils ont parfois des familles entières qu’ils font vivre avec leur petit commerce.
Loin de nous l’idée de prétendre qu’on peut vendre partout dans la ville, mais s’il faut réglementer les choses, on doit le faire avec le concours des citoyens. Qu’on les considère comme moins que rien, ils n’en restent pas moins des hommes, des citoyens à part entière. Et chaque voix compte.