Le Cameroun serait-il sur le point de se passer des résolutions de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement (CCEG) de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) ? Alors que l’institution a porté son choix sur tchadien ABBAS MAHAMAT TOLLI comme candidat pour le poste de Directeur de la Banque africaine de developpement (BAD), le Cameroun prépare lui aussi la candidature de son compatriote ALBERT ZEUFACK. Boris Bertolt livre les dessous de l’affaire.
Le Cameroun n’est pas favorable à la candidature de l’ancien patron de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale ( BEAC), ABBAS MAHAMAT TOLLI à la tête de la Banque Africaine de Développement (BAD). Le Tchadien avait été proposé par son pays, notamment le chef d’Etat par ailleurs son « frère » Mahamat IDRISS DEBY pour prendre la tête de la banque africaine après son départ de la BEAC. Ce qu'avait approuvé dans un premier temps tous les pays de la CEEAC.
En effet, tenue à Sipopo, en Guinée Équatoriale, le 09 mars 2024, la XXIVᵉ Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement (CCEG) de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) à laquelle appartient le Cameroun, a présenté Abbas Tolli comme candidat à la Présidence de la BAD. Le communiqué indiquait que : « La Conférence s’engage à lui apporter tout son soutien en tant que candidat unique de l’Afrique Centrale au poste de Président du Groupe de la BAD. Elle appelle à la solidarité de la Communauté et de ses États membres ainsi qu’à l’appui des autres pays africains à cette candidature », déclare la Commission.
Sauf que Yaoundé s’est renseigné et a constaté que le candidat de la CEEAC auquel il a apporté son soutien a très peu de chances d’être élu président de la BAD. La gestion catastrophique de la BEAC et les multiples scandales qui ont entaché son passage ont donné une très mauvaise image de lui à l’échelle continentale et au sein de l’Union Africaine. Ainsi, depuis juillet 2024, Yaoundé s’active en coulisses pour pousser la candidature d’un camerounais. Il s’agit de ALBERT ZEUFACK , l’actuel directeur de la Banque Mondiale pour la RDC, l'Angola, le Burundi et Sao Tomé-et-Principe.
Très rapidement, le secrétaire général de la présidence de la République, l’homme à la punk, Ferdinand Ngoh Ngoh, a demandé au ministère des Relations extérieures de lui transmettre une stratégie diplomatique pour faire élire le Camerounais à la tête de la BAD.
Dans une correspondance datée du 17 juillet 2024, le ministre délégué auprès du ministre des relations extérieures en charge du Commonwealth, Félix Mbayu, a exposé son plan à Ferdinand Ngoh Ngoh afin de faire du Cameroun "une alternative au Tchad" précise t’il. Le document qui dresse dans un premier temps les difficultés de l’Afrique Centrale à faire élire Mahamat TOLLI, propose des recommandations à Ferdinand Ngoh Ngoh pour sécuriser la candidature d'Albert Zeufack. Il s’agit de : obtenir le soutien des pays d'Afrique Centrale; négocier avec le Tchad; se faire adouber par l'UA; donner des assurances aux partenaires non africains, notamment les États-Unis, la France et l'Allemagne.
Sauf que cette affaire peut de nouveau envenimer les rapports avec le Tchad après le scandale Savannah ENERGY qui avait entraîné en 2023 le rappel de l’ambassadeur du Tchad au Cameroun à N’Djamena. Le Tchad pourrait avoir le sentiment que Yaoundé a définitivement décidé de continuer à jouer dans son dos. Avec les conséquences qui vont avec. Le nom du prochain président de la BAD sera connu en juillet 2025. Encore quelques mois donc pour de grandes manœuvres diplomatiques.