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BREAKING : Les raisons incroyables ayant conduit à l'effondrement de l'immeuble de Ngaoundéré

Qu’est-ce qui peut justifier l’effondrement d’un immeuble comme celui-ci ?

Wed, 26 Jul 2023 Source: L'Oeil du Sahel

Qu’est-ce qui peut justifier l’effondrement d’un immeuble comme celui-ci ?

Les raisons qui peuvent justifier l’effondrement d’un immeuble comme celui-ci sont nombreuses : ceci peut se justifier par l’absence d’une étude géotechnique sérieuse car ces études nous renseignent sur la nature du sol et nous permet également de connaître les portances du sol à différentes profondeurs. Cette étude est un élément capital pour la construction car elle est un élément fondamental pour le dimensionnement des ouvrages ; sans elle, nous n’avons pas de boussole pour naviguer. Nous pourrions également justifier cet effondrement par un mauvais calcul de structure. Alors on n’aura pas les bonnes sections des éléments structurelles ; c’est-à-dire que les semelles, poteaux, poutres, poutrelles, dalles n’auront pas les sections adéquates pour supporter les différentes charges qui leur seront appliquées. Au cas où le bâtiment serait même bien dimensionné, nous devons savoir que les ferraillages et les coffrages de ces éléments cités plus haut nécessitent une étude minutieuse pour pouvoir apporter de bonnes dispositions constructives des armatures devant servir pour la réalisation de ces éléments (semelles, poteaux, poutres …) Nous pourrions également justifier cet effondrement par une mauvaise mise en œuvre des matériaux et nous entendons par là le non-respect des dosages du béton, les mauvais enrobages entre les armatures et les coffres qui peuvent exposer les armatures aux intempéries et provoquer la corrosion de ceux-ci, qui va entrainer forcement la fragilisation de la structure et l’entraîner à la rupture de l’ouvrage. Nous pourrions également justifier cet effondrement par la mauvaise qualité du matériau mis en œuvre. Aussi, pourrions-nous parler de la qualité du ciment et j’entends par là le temps, les conditions de stockage et le temps mis au magasin avant son utilisation, bien que cette hypothèse reste très minimale pour être une cause directe. Il y a aussi la qualité des agrégats (sable, gravier). Il est à noter que la qualité de ces agrégats joue un rôle capital lors de la construction car si également les matériaux ne sont pas de bonne qualité, leur mise en œuvre peut fragiliser l’ouvrage et le conduire à la ruine car à cause de ces matériaux de mauvaise qualité, nous pouvons ne pas obtenir les résistances projetées pour le béton. Après vérification du ciment et des agrégats, nous devrons formuler le béton pour atteindre les résistances du béton-projet dans nos calculs. En même temps, la qualité des fers à béton peut également fragiliser l’ouvrage (la qualité du fer, les caractéristiques techniques du fer, les caractéristiques géométriques du fer, les caractéristiques mécaniques du fer). Et bien même quand toutes ces dispositions seront respectées, il ne faut pas oublier que l’action de l’homme peut également contribuer à la ruine d’un ouvrage, en ne respectant pas tout ce qui est dit plus haut.

Est-ce qu’il est permis de construire un R+4 dans un bas fond comme celui-là ?

Oui sur tous les sols on peut construire un immeuble. La preuve, nous construisons bien dans de l’eau. Il n’y a aucun problème de construction des immeubles dans des endroits spécifiques ; tout dépend comme je vous l’ai dit plus haut, de la qualité des études et des moyens (financiers) dont nous disposons. Donc même dans les bas-fonds on peut construire de pareils immeubles, voire même plus haut.

Quelles sont les précautions à prendre pour construire dans de telles zones ?

Les précautions à prendre sont très simplement de faire une étude rigoureuse pour construire et avoir un personnel vraiment qualifié, pour mener les travaux à bien. Il est à noter que le législateur a tout prévu et encadré le domaine de la construction. Au-delà de l’exigence légale qu’il constitue, le Permis de construire sert également à garantir la bonne exécution des travaux, compte tenu de la batterie d’études exigée dans le cadre de sa délivrance. Le législateur a bien prévu pour un certain type de projets, l’intervention des ingénieurs de génie civil en phase d’exécution (cf. Décret 2016/3058/PM du 28 Juillet 2016 fixant les règles d’utilisation du sol et de la construction). Cette intervention est matérialisée par un contrat de maîtrise d’œuvre entre le maître d’ouvrage et l’ingénieur, qu’il faut verser au dossier. Le maître d’œuvre a pour obligation à la fin du chantier, dans le cadre du certificat de conformité, d’établir un rapport d’exécution des travaux assorti des plans de recollement (dressé par l’architecte) du projet. En réalité, le problème à mon sens se trouve ailleurs (tout à côté) : comment s’assurer que l’ingénieur ayant produit un contrat de maîtrise d’œuvre soit effectivement sur le chantier en phase d’exécution (problématique des contrats signés de manière complaisante par certains ingénieurs). Comment garantir que les propriétaires des constructions ayant fait l’objet d’un permis de construire sollicitent effectivement les certificats de conformité en fin de chantier (Pour l’année 2022 je n’en ai pas délivré 10). De quels moyens de coercition pourraient disposer les Collectivités territoriales décentralisées pour lutter efficacement contre les constructions s’exécutant dans des zones impropres à la construction, prévues par les documents de planification urbaine ? Aussi, comment redonner aux membres des différents ordres professionnels du secteur de la construction (ONAC, ONIGC) la place qui est la leur dans cette activité (réduction des coûts des prestations, organisation des campagnes promotionnelles, signature des conventions avec les collectivités territoriales ? Face à ces accidents d'effondrement des immeubles, l'Etat et plus particulièrement les mairies, doivent en tirer des opportunités.

Source: L'Oeil du Sahel