Bafoussam : L'UPC sur la tombe d'Ernest Ouandié

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Tue, 19 Jan 2016 Source: carmer.be

Dans un espace encombré par des carcasses de véhicules abandonnées, en face de la Division régionale de la police judiciaire de l’Ouest (Drpjo) à Bafoussam, des militants de l’Union des populations du Cameroun (Upc) conduits par leur président, Victor Onana, observent un moment de recueillement, le 15 janvier 2015, en la mémoire de Ernest Ouandié, leader historique de l’Upc. C’est à cet endroit, devenu crasseux, que  l’une des figures historiques fut exécuté, par fusillade, le 15 janvier 1971, par des ‘‘forces néocolonialistes’’.

Une pause qui s’achève par l’exécution du second couplet de la version originale de l’hymne national du Cameroun. Les paroles qui sortent des voix d’une trentaine de militants, rappellent les souffrances endurées : « …Tu es la tombe où dorment nos pères, le jardin que nos aïeux ont cultivé… ».

Les Upcistes présents dont Michel Eclador Pekoua [directeur de la publication de Ouest Echos], en profitent pour brandir des portraits d’autres figures marquantes de l’histoire du Cameroun : Ruben Um Nyobè, Njoya Arouna, Albert Ndogmo, Félix Roland Moumié, Mathias Djoumessi, Michel Njine, Louis Happy Kemayou, Ndeh Ntoumazah etc.

« Cette commémoration peut faire croire que nous détachons Ernest Ouandié des autres martyrs. Non, Ouandié a la particularité d’avoir été fusillé après une parodie de procès. Les autres ont été assassinés dans des conditions anonymes », explique Victor Onana. L’émotion est vive. On fait l’effort de ne pas laisser transparaître des yeux larmoyants. Peu après, une procession, sur environ 3km, les conduit sur la tombe de Ernerst Ounadié, dans les encablures de l’Eglise évangélique du Cameroun (Eec) dite du Plateau. Là où repose Ouandié depuis 45 ans déjà. L’hymne s’enchaîne. « Aujourd’hui, nous ne déposerons pas de gerbe de fleurs, parce que pour un héros de sa trempe, sa dépouille devait être recouverte du drapeau national. Nous faisons ceci pour attirer l’attention de nos dirigeants, afin que Ernest Ouandié soit réhabilité et ait droit aux obsèques officielles », précise M. Onana.

Dans la mi-journée, l’Upc a organisé une cérémonie de présentation de vœux à la presse régionale. Non sans insister sur la symbolique de la journée du 15 janvier, dédiée à Ernest Ouandié.

On replonge dans les souvenirs pour se rappeler que le 15 janvier 1971, trois personnes furent publiquement passées par les armes dans le chef-lieu de l’inspection fédérale de l’Ouest, leur région natale. La zone étant « réputée infestée de rebelles » par le pouvoir de Yaoundé.  Face à la foule qui retint son souffle et au peloton d’exécution, les trois sont attachées au poteau. Gabriel Tabeu alias ‘‘Wambo le courant’’ et Raphaël Fotsing (condamnés dix jours plus tôt à la peine capitale par le Tribunal militaire de Yaoundé, pour complot visant à assassiner le chef de l’Etat dans le cadre du fameux groupe dit de la Sainte Croix), tombèrent les premiers.

Quant à Ernest Ouandié, accusé de tentative de révolution, d’organisation de bandes armées, d’assassinat et autres, il refusa qu’on lui bande les yeux. Ce qui suscita une dispute entre les autorités et lui. Sa dernière volonté fut acceptée par la soldatesque. Et le stoïque s’écroula, à son tour, après avoir nargué, une ultime fois, ses bourreaux : « D’autres poursuivront le combat », cria-t-il. En regardant la mort venir d’en face, du bout d’un canon.

Source: carmer.be