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Bernard Njonga entendu au TCS

Bernard Njonga 1

Tue, 14 Apr 2015 Source: cameroon-info.net

L’audition de Bernard Njonga comme témoin au Tribunal criminel spécial (TCS) dans le cadre du Programme national d’appui à la filière maïs (PNAFM) plus connue sous l’appellation programme maïs, fait suite à une plainte déposée le 14 septembre 2014 par ce dernier. Il était alors au moment des faits, président national de l’Acdic, l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs.

2006 marque pour la société civile camerounaise, l’année de la victoire d’une Osc (Organisation de la société civile), notamment l’Acdic, qui réussit cette année-là à faire plier le gouvernement et les lobbies d’importateurs sur les découpes de poulets congelés omniprésents dans nos marchés et pour l’essentiel impropres à la consommation.

Après avoir remporté ce combat, Bernard Njonga, ingénieur agronome de formation, homme de terrain et activiste de la société civile efficace, intègre et très redouté par le gouvernement qu’il a maintes fois refusé d’intégrer, décide alors de passer à un autre combat.

C’est alors que, ayant constaté un déficit criard du maïs de l’ordre de 70% alors que cette culture entre dans la fabrication de la provende et donc peut influencer les prix des produits avicoles sur le marché, se rapproche du Minader « afin de savoir ce qui est envisagé face à ce déficit ». Il se penche avec ses collaborateurs et démembrements de l’Acdic à travers le Cameroun, sur de multiples plaintes enregistrées sur le terrain auprès e paysans victimes du détournement de dons ou de financements de leurs projets dans le cadre du Pnafm.

Une longue enquête révèlera les faits suivants, porté à l’attention du ministère de l’agriculture et du développement rural (Minader) alors dirigé par Lazare Essimi Menye, personnellement impliqué dans de nombreux cas de mal gouvernance voir de détournement d’après la société civile.

Bernard Njonga déclare ainsi sur le site internet du Crac (Croire Au Cameroun, le parti politique qui l’a absorbé comme président national au lendemain de sa démission de l’Acdic) que « nous avons voulu comprendre son fonctionnement (le Pnafm Ndlr) et les raisons de son incapacité à satisfaire la demande. Mais face au refus des responsables dudit programme de mettre à notre disposition toutes informations y afférant, nous nous sommes tournés vers le fonds PPTE, financeur de ce programme qui nous a fourni les documents souhaités. Ce qui nous a permis, en appliquant la formule statistique de quotas, d’arrêter un échantillon des producteurs par région, lesquels ont fait l’objet d’une enquête, qui affirmait les faits de détournement et de corruption très graves au sein du Pnafm. »

Ladite enquête révèle les faits suivant, qui intéressent aujourd’hui le Tcs, 8 ans après :

- 02 Gic ayant bénéficiés des subventions pour créer 4 hectares de maïs à Nkolndongo (Quartier de Yaoundé dans la région centre, où il n’existe pas de telles surfaces cultivables) ;

- La création de clones fictif de Gic existant, à l’instar du Gic Abiedel qui n’existe pas mais a reçu une subvention, au même titre que le Gic Abielel, qui lui existe au village Melong dans le département du Moungo, région du littoral, et qui a été subventionné ;

- Des Gic non sélectionnés par le Comité départemental mais dont le nom apparaît sur la liste des bénéficiaires, introduits par la Coordination nationale et qui ne se retrouvent pas dans les localités où ils sont pourtant annoncés sur du papier ;

- Des Gic bénéficiaires de la subvention dont les activités déclarées ne prévoient pas la production agricole et encore moins la production de maïs, à l’instar du Gic Arto (Artisanes de l'Ouest) dans le Département de la Mifi, région de l’Ouest;

- sur les 97 GIC enquêtés, 30 sont fictifs et ont capté plus de 17 millions de Fcfa sur plus de 49 millions débloqués par le gouvernement ;

- 95 GIC bénéficiaires déclarent n'avoir pas reçu l'intégralité de la subvention prévue ;

- Sur plus de 1,2 milliards de Fcfa débloqués par le PNAFM pour la production du maïs dans les cinq régions enquêtées pour les périodes 2006, 2007 et 2008, plus de 341 millions ont été détournés ;

- Sur 611millions de F CFA effectivement octroyé en subventions, une grande proportion de cette somme a été allouée à autre chose que la production du maïs (achat par les bénéficiaires de motocyclettes, résolution des problèmes familiaux, Etc.) ;

- Etc.

Cette dénonciation sera suivie d’une manifestation devant le Minader qui ne sera pas du goût des responsables de l’agriculture Camerounaise à cette époque. Bernard Njonga sera arrêté, bastonné, incarcéré, jugé et condamner à 3 mois d’emprisonnement avec sursis pendant 3 ans.

8 ans donc après les faits, alors que le Tribunal criminel spécial (TCS) s’intéresse au PNAFM, entre temps, l’un des détracteurs de Bernard Njonga à savoir Paul Sikapin alors coordonnateur Pnafm, a été jeté à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé il y a 02 mois.

Mais Bernard Njonga est resté sur sa faim. Pour lu le fait que cette histoire ressorte 8 ans après fait perdre l’effet d’exemple que ça aurait eu sur les autres coordonnateurs de programme dudit ministère, vu que certaines personnes entendues aujourd’hui ne sont pas connus des responsables actuels du Minader. L’homme est convaincu que le coordonnateur du Pnafm, c’est du menu fretin, et que le Secrétaire général, les conseils et même le ministre en personne seraient impliqués dans les frasques observés dans le Pnafm.

La balle se trouve donc dans le camp du Tcs, qui va lentement, mais visiblement, surement ; ceci d’autant plus que cette instance judiciaire se contente de traiter les dossiers qui lui sont confiés, en dépit des textes régissant sa création et qui prévoient qu’elle puisse initier des procédures judiciaires si des faits établis le justifient.

Source: cameroon-info.net