Bertoua : des ‘prédateurs’ se partagent les parcelles de l’Etat

Bertoua : des ‘prédateurs’ se partagent les parcelles de l’Etat

Tue, 9 Nov 2021 Source: Le Messager

Plus de 3 hectares de terre, sur les 10 concédés au ministère de l’éducation de base il y a plus de 30 ans, sont occupés par des prédateurs fonciers. C’est l’arrêt des travaux de construction d’une clôture de 493 mètres à l’école publique bilingue d’application d’Ekombitié, sur instructions du préfet du Lom-et-Djèrem qui met le feu aux poudres. Alors que les travaux conduits par les Ets Kpoumie tiraient vers la fin, le 03 juin 2021, il reçoit une sommation du sous-préfet de l’arrondissement de Bertoua 2ème avec « effet immédiat ». Dans sa lettre, l’autorité administrative à qui instruction a été donnée évoque « l’arbitrage d’un litige foncier opposant d’une part, l’administration publique représentée par les services déconcentrés du ministère de l’Education de base et la commune de Bertoua 2ème, et d’autre part, Madame Kamwo Sobgoui, attributaire d’un lot domanial d’une superficie de 512 m2 au lotissement d’Ekombitié ». L’espace querellé a été entouré par une grande barrière construite sur financement du budget d’investissement public (Bip) 2021 de la commune de Bertoua 2ème.

Le site en question abrite deux écoles primaires bilingues d’application créées dans les années 1975 et une école maternelle dans le titre foncier de l’Ecole normale d’instituteurs de l’enseignement général (Enieg). Selon Nditapa Abraham, le directeur de l’école bilingue d’application d’Ekombitié, « la plaignante a saisi les autorités pour qu’un pan de cette barrière soit détruit, y compris les deux blocs de latrines construits par l’Unicef. En fait, elle voudrait créer une servitude pour accéder à son domicile. Une délimitation qui n’est pas correcte. Si l’on s’en tient aux croquis du titre foncier que nous avons, c’est un empiètement ». A l’effet de régler ce « litige », l’on apprend que deux descentes ont été effectuées sur le site sans que la requérante ne présente le moindre document justifiant son droit de propriété sur la parcelle qu’elle réclame. Autour des murs de cette barrière, tout comme derrière les salles de classe de l’Enieg de Bertoua, le constat est le même. Des champs de légumes et de maïs, des fondations abandonnées, des tas de sable, des chantiers en cours et des maisons bâties et occupées par des riverains peuplent cet espace. Les préfets au banc des accusés Pour Albin Bertrand Louomb, directeur de l’Enieg bilingue de Bertoua, « le cas de Madame Kamwo Sobgoui n’est pas unique. Sur les plus de 10 hectares de terrain que disposait l’Enieg de Bertoua, les riverains ont déjà occupé plus de trois hectares.

J’ai saisi le préfet du Lom-et-Djèrem, les services des domaines et du cadastre pour venir constater cette situation. Jusqu’à ce jour, personne ne m’a répondu. Tout seul, je ne peux pas déguerpir toutes ces personnes qui occupent illégalement notre site ». Un silence qui suscite des interrogations. Selon certaines sources, « cet empiètement des riverains sur le titre foncier de l’Enieg est l’œuvre de certains anciens préfets qui ont attribué des lots au premier venant sur ce lotissement, au détriment des intérêts de l’Etat. Raison pour laquelle, on étouffe toute procédure judiciaire ». A l’état actuel, l’Enieg bilingue de Bertoua ne peut pas étendre ses infrastructures, ni envisager d’autres projets sur son site. En attendant la réaction des autorités compétentes, les bâtiments de cette école de formation sans barrière restent ouverts au vandalisme et à l’insécurité.

A la merci des riverains, des voleurs, des fumeurs de chanvre et autres prédateurs sexuels qui peuvent nuitamment assouvir leurs libidos sur les tablesbancs des salles de classe. Une situation que vivent les élèves des deux écoles primaires bilingues d’application citées plus haut. Notons que l’arrêt des travaux de construction de la barrière instruit par le préfet du Lom-et-Djèrem, plombe surtout le projet d’équipement de ces écoles en tablettes numériques par l’Unicef. « Nous ne pouvons pas bénéficier de ce don si notre école n’est pas sécurisée. Et c’est vraiment dommage pour l’éducation des nos enfants qui n’émeut personne », conclut Nditapa Abraham.

Source: Le Messager