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Beti Assomo, Mebe Ngo'o et les 13 milliards de Sisco

2184 Edgard Alain Mebe Ngoo290715750.jpeg Edgar Alain Mebe Ngo'o

Mon, 15 Feb 2016 Source: Integration

Une ardoise impayée par l’ancien ministre camerounais de la Défense en 2008 met l’actuel patron des lieux dans tous ses états.

On aurait pu penser que Sisco (une société française spécialisée dans la fourniture de munitions et la dépollution de sites dangereux, basée à Compiègne, au nord de la France) avait désarmé. Mais pas tant que ça. L’entreprise qui, en 2008, avait reçu des autorités camerounaises l’autorisation de dépolluer les anciens dépôts de munitions du pays et de doter les casernes militaires de nouveaux stocks de munitions, réclame toujours le paiement de la facture de cette prestation. Selon la Lettre du Continent (LC) N°723 du 10 février 2016, l’ardoise s’élève à près de 22 millions d’euros (environ 13 milliards de francs CFA).

A en croire le journal confidentiel, Joseph Beti Assomo, le ministre de la Défense, se montre très gêné par cette affaire. Il serait, apprend-on, disposé à rembourser à Sisco toutes ses munitions livrées à l’État camerounais, plutôt que de régler cet impayé laissé par son prédécesseur Edgard Alain Mebe Ngo’o. LC précise par ailleurs que cette proposition de l’actuel ministre camerounais de la Défense (Mindef) n’est pas au goût de l’armurier français.

Simplement parce que selon ce dernier, elle ne représente que quelques centaines de milliers d’euros alors que de nombreux sites militaires éparpillés dans le pays ont été dépollués. Le prestataire français, lui, souligne LC, évalue le coût de ce chantier à 20 millions d’euros.

Fable

A l’assemblage de ces faits, bien difficile d’envisager pour demain la fin de cette fable commerciale entre le gouvernement camerounais et Sisco. On se souvient qu’en novembre 2013, l’entreprise française, appuyée par un important collège d’avocats, menaçait de faire tomber la fragile ligne de crête qui la séparait de son client camerounais. Sisco envisageait de saisir la justice par le biais d’une plainte colossale. Mis au parfum, Paul Biya, le chef suprême des armées camerounaises, avait instruit un regard plus pointilleux sur cette affaire.

Edgard Alain Mebe Ngo’o, le Mindef d’alors avait même tenu une réunion d’urgence avec son staff. Il en était ressorti juste une évaluation du travail confié à Sisco. En s’engageant (sur contrat) d’offrir son expertise aux armées camerounaises, le marchand d’armes français était tenu, d’une part, de sécuriser les sites dangereux (mélange de munitions, détonateurs et explosifs, munitions sans marquage inventorié dans 37 unités des régions militaires interarmées) et d’autre part à livrer plus de 3 millions de cartouches 7,62 mm pour fusils d’assaut AK 47. Le deal dure de juillet à septembre 2008, ponctué par un avenant au contrat signé avec Edgard Alain Mebe Ngo’o.

Et puis, est née la brouille. Silence radio côté Mindef, relances côté Sisco. Entre les deux partenaires, la guerre s’est installée.

La partie française a même parlé d’une «rupture abusive de contrat». Entre temps, Edgard Alain Mebe Ngo’o a quitté le Mindef pour le ministère des Transports. Joseph Beti Assomo, son successeur, hérite d’une patate bien chaude.

Source: Integration