Trois ans après sa prise de fonction à la présidence de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), Samuel Eto'o continue de susciter débats et analyses. Dans une récente déclaration à Canal Presse, Pierre Emmanuel Binyam offre un éclairage singulier sur le mandat du footballeur devenu dirigeant fédéral.
L'ancien international met en lumière un contexte historique complexe où le football camerounais était traditionnellement administré par des fonctionnaires gouvernementaux. Selon Binyam, Eto'o a réussi un coup de force administratif et politique en contestant un système où les "hautes instructions" dictaient l'orientation du football national.
Le parcours d'Eto'o à la FECAFOOT n'a pas été un long fleuve tranquille. Confronté à de multiples adversités, le dirigeant a démontré une détermination peu commune. Son principal mérite, selon l'analyste, réside dans sa capacité à déconstruire un système bureaucratique profondément ancré, en prouvant que les fameux ordres administratifs n'étaient souvent que "de l'esbroufe".
Cette volonté de transformation s'est manifestée par plusieurs initiatives marquantes. Eto'o a cherché à moderniser la gestion fédérale, à professionnaliser les structures et à redonner une image de dynamisme au football camerounais. Sa légitimité en tant que star mondiale du football lui a permis de bousculer les codes établis.
Les défis restent néanmoins immenses. La formation des jeunes, le développement des infrastructures, l'assainissement financier et la performance des équipes nationales constituent autant de chantiers complexes que le président de la FECAFOOT doit continuer de piloter.
Pierre Emmanuel Binyam reste optimiste. Il voit en Samuel Eto'o un dirigeant capable de tracer de nouvelles perspectives, loin des pesanteurs bureaucratiques traditionnelles. "Avec le courage du président, il pourra faire quelque chose", affirme-t-il, témoignant d'un crédit encore accordé au footballeur reconverti en administrateur.
La trajectoire d'Eto'o illustre la difficile mutation du football africain, pris entre traditions administratives héritées et nécessaire modernisation. Trois ans après son élection, le débat reste ouvert sur la réelle capacité de transformation de la FECAFOOT sous sa présidence.
Un point demeure certain : Samuel Eto'o n'a pas choisi la voie la plus simple en prenant la tête de la fédération. Son mandat restera probablement comme une tentative audacieuse de réinventer la gouvernance du football camerounais.