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Boissons : difficile situation pour les buveurs camerounais

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Tue, 7 May 2024 Source: Intégration n°606 du mardi 7 au dimanche 12 mai 2024

À Yaoundé, le 16 mai 2024, le ministre du Commerce (Mincommerce) et les acteurs de la filière des boissons auront une séance de travail. Si l’on s’en tient aux informations fournies par de bonnes sources, Luc Magloire Mbarga Atangana sera face à deux organisations syndicales. Il s’agit du Syndicat national des distributeurs de boissons hygiéniques du Cameroun (Synasdibohycam) et du Syndicat national des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedeboc).

Dans un rôle de modérateur ou de temporisateur, le Mincommerce devra donner une suite, favorable ou non, aux intentions de l’un et l’autre syndicat d’augmenter les prix des boissons au Cameroun. Dans ses prévisions, Synasdibohycam ambitionne de faire mousser les prix des petites et grandes bouteilles, respectivement de 50 et 100 FCFA. De son côté, le Synedeboc souhaite que les prix soient majorés de 100 FCFA sur tous les formats de boissons hygiéniques.

Pour se justifier, l’un et l’autre évoquent la hausse des coûts des matières premières, des consommables, du carburant, du gaz, de l'électricité et l’introduction de nouvelles taxes, les coupures intempestives d’électricité, des tensions d’approvisionnement. Selon nos sources, c’est la véritable vague de fond du rendez-vous entre le Mincommerce et ces organisations syndicales.

En explorant le type d’informations à notre portée, la problématique est à la croisée de la complexité des relations entre le gouvernement et ces syndicats, et de celle relative au niveau de vie au Cameroun. L’Institut national de la statistique (INS), dans le cadre de la cinquième Enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam5), indique qu’en 2022, environ dix millions (sur près de 27 millions) de Camerounais vivent avec moins de 1000 FCFA par jour.

Derrière ces chiffres, très significatifs, il y a les visages, les histoires, les rêves, les craintes de millions de personnes, non pas « pauvres », mais plutôt « appauvries ». La thématique, hautement politique, du niveau de vie des Camerounais, ne dit pas clairement que les citoyens à famille nombreuse et à bas revenus ne s’en sortent pas.

Et le débat qui s’instaure apporte une capacité d’argumentation dans le rapport de force qui se joue entre les syndicats d’une part, et les pouvoirs publics d’autre part. De fait, il est évident, à lire les résultats de l’enquête de l’INS, que la force du chiffre se dispute toujours à la déclinaison de cas. Bien qu’elle soit omniprésente et culmine avec les objectifs bruyamment proclamés par les pouvoirs publics, la nécessité d’améliorer la vie quotidienne des Camerounais, dans ses grandes lignes, reste muette sur les avancées.

En ce sens, pourquoi ne pas parler de travailleurs pauvres, c’est-à-dire ceux disposant d’un revenu qui, toutefois, ne leur assure pas une existence décente et les condamne à une situation de précarité ? C’est que, chaque jour, au Cameroun, les prix augmentent. C’est comme si, au quotidien, les changements de la structure productive, ainsi que les formes de régulation sociale, génèrent de nouveaux modes d’appauvrissement diffus qui concernent un très grand nombre de personnes dont le travail n’assure plus les moyens de mener une existence décente, ni leur subsistance. On parle là d’une pauvreté qui ne naît pas du manque de travail, mais du travail qui n’est plus en mesure d’assurer un revenu suffisant pour mener une vie « normale ». Un travail qui ne permet pas de faire de projets et qui écrase les citoyens sur le présent.

Source: Intégration n°606 du mardi 7 au dimanche 12 mai 2024