Boko Haram est une bonne chose - Col. Barthélémy Tsilla

Barthelemy Tsilla Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Sat, 10 Oct 2015 Source: integrationafrica.org

Le commandant de la base aérienne 301 de Garoua explique le rôle que joue l’aviation dans la guerre contre Boko Haram.

Quelle est l’apport de la base aérienne 301 de Garoua dans la guerre contre Boko Haram?

La mission de la base aérienne 301, c’est le soutien aux autres corps (l’armée de terre, la marine, la gendarmerie...) et aux autres bases aériennes qui ont des avions qui passent par chez nous.

La mise en place de quasi tout le dispositif dans l’Extrême-Nord de notre pays a été faite par voie aérienne. Maroua n’ayant pas une base aérienne ouverte, c’est la base de Garoua qui a supporté le soutien à tous ses aéronefs.

Donc, nous avions été au four et au moulin du point de vu logistique et du soutien aux autres forces et aux autres bases aériennes, particulièrement la base aérienne 201 avec ses C 130 (avion de transport militaire) et les bases aériennes 101 et 102 par rapport aux hélicoptères.

La spécificité de la base aérienne 301, c’est que nous apprêtons ici les avions de combat. Et ces avions de combat ont une compétence nationale. Je ne pourrais pas dire international, parce que des fois, on devient internationale sans le dire.

Donc, on a été particulièrement impliqués dans la guerre contre Boko Haram, par rapport à tout ce qui est observation aérienne à longue distance.

Il fallait aller reconnaitre les objectifs, vérifier que c’est les bons. Il fallait appuyer avec le feu les troupes au sol quand c’était coincé. Et ça, on l’a principalement fait à Ashigashiya.

Est-ce que depuis l’entrée en scène de cette force, les avions de combat restent sur l’offensive?

Les avions restent sur l’offensive. Mais vous savez que l’emploi de la 3e dimension coûte énormément cher. On ne va donc pas faire des vols pour s’amuser.

On fait les vols d’entrainement et les vols opérationnels réels parce que ça coûte cher en carburant et en munitions. Vous savez que Boko Haram a changé son mode d’action. Ils ne font plus le combat face-à-face. Ils sont passés maintenant dans le mode Kamikazes qui est, à mon avis, le mode des fous. Et donc ce n’est plus la guerre conventionnelle.

Mais, s’ils reviennent, on va monter d’un degré. Parce qu’on a encore la capacité. L’arme qu’on a utilisé pour tirer, ce n’est pas l’arme qu’on va utiliser s’ils recommencent là maintenant. On peut utiliser autre chose qui fait plus mal.

Quel a été l’impact de l’action d’Ashigashia sur vos hommes?

Le jour que vous avez un objectif devant vous, que vous appuyez sur la gâchette et que les obus partent sur l’objectif, vous êtes contents de ce que le travail fait en entrainement marche. Je vais être vicieux, pour moi, Boko Haram est une bonne chose.

Ça me permet d’utiliser les avions concrètement sur un objectif réel et de m’entrainer sur le concret. Ça fait du bien aux hommes de savoir que là ce n’est plus la blague. C’est la guerre. Et on voit qu’en y allant ça marche.

Nous avons appris que l’armée camerounaise aurait acquis des drones. Est-ce que vous confirmez cette information?

Là vous posez une question de journaliste, moi je vais vous répondre en technicien. Le drone est un instrument aérien qui est piloté depuis une base. Il y a des mini drones qu’on guide par VHF et dès que la portée VHF finit, vous ne voyez plus rien.

Mais ce qu’on appelle effectivement drones de combats, qui peuvent être pilotés de n’importe où, alors que l’appareil est au Cameroun, c’est la panacée des pays qui ont un satellite. Ou alors quelqu’un peut vous prêter un faisceau satellite. Le Cameroun a des partenaires. Donc on n’est pas obligé d’avoir un drone ou alors on peut emprunter un faisceau satellite.

Source: integrationafrica.org