Paul André N., 33 ans, habitant de Bonabéri au lieudit « Centre équestre » (Douala IV), devait recevoir son diplôme d'ingénieur en électricité au mois de novembre. Mais travaillait déjà pour certaines boîtes. Ce qui lui permettait entre autres, de prendre soin de Micheline, étudiante à Yaoundé II Soa, dont il payait logement et nutrition.
Une relation à distance donc, agrémentée par des retrouvailles de week-end tantôt à Yaoundé, quand Paul André s'y rendait tantôt à Douala, quand la jeune femme faisait le chemin inverse. Les tourtereaux roucoulaient sans fausse note apparente, puis un jour Paul André apprit que sa dulcinée voyait un autre homme.
De fait la puce à son oreille lui soufflait que Micheline était régulièrement vue à bord de la voiture de ce rival. Et que ce dernier passait même des nuits à Soa, dans le nid d'amour que Paul André croyait sien.
Voulant en avoir le cœur net, le jeune homme va élaborer un plan, dont il ne survivra pas à l'exécution. Jeudi de la semaine dernière, il décommande un voyage prévu pour Yaoundé le week-end, et invite sa petite amie pour le week-end suivant à Douala.
L'affaire est entendue. Mais samedi, notre électricien prend la route, direction Yaoundé. Puis Soa. Il arrive en soirée au lieu où habite l'élue de son cœur qui bat désormais la chamade.
Les premiers indices n'augurent rien de bon : un véhicule est garé devant le portillon. Paul André a les clés. A l’intérieur, le second indice ressemble à une cruelle confirmation : sous la véranda, une paire de babouches trop grandes pour appartenir à Micheline.
En silence, Paul André ouvre la porte de la chambre. Alors, ses derniers doutes s'estompent ses derniers espoirs s'évanouissent Sur le lit, blottis l'un contre l'autre, Micheline et un homme sont tous deux dans les bras de Morphée.
Nus. Paul André filme le couple endormi avec son téléphone, laisse une ou deux babioles et s'en va. Direction, Mvan. Puis Douala. Le lendemain, il envoie les photos à Micheline, accompagnées d'un message « Ne dis pas qu'on m'a dit, j'étais là. Je t'ai d'ailleurs rapporté le thermos et le power bank que tu avais laissés à Douala. Tu ne me verras plus jamais. »
Paul André a tout raconté à ses sœurs, qui ont essayé de le consoler_ sans succès. Il a été aperçu pour la dernière fois dimanche dernier. Si on ignore le jour exact où il est passé à l'acte fatidique, un voisin a signalé un grand bruit venant de son studio dans la nuit de lundi à mardi.
Hier matin, sans nouvelles de lui et après des appels vains, ses sœurs se sont rendues à son domicile, dont la porte a finalement été forcée. Le corps de Paul André, en début de décomposition, a été découvert. Le bruit entendu l'avant-veille serait celui de la rupture du chevron sur lequel il avait passé la corde pour se pendre.
La police a été saisie. La famille a décidé de conduire immédiatement le corps au village (dans le Moungo) pour inhumation.