Bonne nouvelle : 49 milliards de FCFA dans les caisses de l’Etat

Louis Paul Motaze, ministre camerounais de l’Économie

Fri, 14 Jul 2023 Source: Emergence N°2449

Le 10 juillet 2023, le Trésor public camerounais a enregistré son premier grand succès depuis janvier 2023 sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Selon des informations recueillies aussi bien à la Beac qu’au ministère des Finances, l’émission de bons du Trésor assimilables (BTA) à 26 semaines, effectuée ce jour-là, s’est soldée par la mobilisation d’une enveloppe de près de 49 milliards de FCFA, sur les 50 milliards de FCFA recherchés.

Mieux, apprend-on, les investisseurs ont procuré à l’État du Cameroun 54,5 milliards de FCFA dans le cadre de cette opération, soit environ 4,5 milliards de FCFA de plus que l’enveloppe recherchée. Mais, le Trésor camerounais, fidèle à sa politique de prudence sur les taux d’intérêt, a rejeté toutes les offres dont les souscripteurs réclamaient un taux d’intérêt supérieur à 5%, apprend-on de sources proches du dossier. L’on peut cependant remarquer que pour obtenir cette enveloppe record, en comparaison avec le volume des financements mobilisés depuis le début de l’année courante, le Cameroun a dû consentir à rémunérer son emprunt de court terme au taux limite de 5%, soit le même taux proposé il y a une dizaine de jours pour des titres à 4 ans de maturité. Ce taux est largement au-dessus des taux de 3% au plus, servi par le pays aux investisseurs par le passé, sur ce marché et sur les titres du même type.

En clair, pour réussir ses opérations de levée de fonds, le Cameroun est obligé de s’arrimer à la hausse généralisée des taux d’intérêt sur le marché sous-régional des capitaux, qui est elle-même consécutive au durcissement de la politique monétaire par la banque centrale. En effet, à travers des relèvements répétés depuis plus d’un an de ses principaux taux directeurs, la suspension des injections de liquidité dans les banques et l’augmentation des volumes de liquidité repris chaque semaine aux banques commerciales, qui agissent comme intermédiaires sur le marché des titres de la Beac, la banque centrale assèche ces établissements de crédit pour lutter l’inflation galopante dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale). Ce qui rend l’accès aux financements de plus en plus difficile et onéreux, y compris pour les États. Les ravages de la politique monétaire d’austérité sur le marché des capitaux sont tels qu’après de nombreux insuccès enregistrés sur ses émissions de titres publics depuis le début de l’année 2023, le Cameroun a dû déclarer une opération infructueuse au cours de la semaine du 26 au 30 juin 2023, en raison, apprend-on de bonnes sources, du faible taux des souscriptions et des taux d’intérêt élevés exigés par les investisseurs. C’est la première fois que le pays arrivait à cette situation depuis le lancement du marché des titres publics de la Beac en décembre 2011. C’est-à-dire il y a 12 ans.

Source: Emergence N°2449