Un duel sans merci se joue au sommet de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) entre Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence et président du conseil d’administration, et Adolphe Moudiki, directeur général de la SNH depuis 1993 et proche du président Paul Biya.
Après une première tentative avortée le 17 juillet, Ferdinand Ngoh Ngoh a convoqué une nouvelle session extraordinaire du conseil d’administration pour le 24 juillet. L’objectif : remplacer Adolphe Moudiki, âgé de 85 ans, par un nouveau dirigeant. Le 17 juillet, quatre administrateurs s’étaient retrouvés face à des portes closes, sur instruction de Nathalie Moudiki, épouse d’Adolphe et cheffe de la division juridique de la SNH, également proche de Chantal Biya.
Ce bras de fer, qui trouve ses racines dans des tensions anciennes, notamment autour de l’épisode Savannah Energy en 2023, a pris une nouvelle ampleur. La récente convocation d’une session extraordinaire du conseil d’administration au palais d’Etoudi, sans concertation préalable, a suscité la colère de Moudiki. Celui-ci a adressé une lettre au président Paul Biya, dénonçant l’illégalité de la procédure.
Le conflit a été exacerbé par l’état de santé chancelant de Moudiki, qui l’empêche d’occuper son bureau depuis plusieurs mois. En mars dernier, il avait transféré certaines de ses attributions à Igor Emmanuel Soya Bissaya, un proche de Nathalie Moudiki. Ce transfert de responsabilités a été perçu par Ngoh Ngoh comme un signe d’incapacité à diriger la SNH, ouvrant la voie à une éventuelle destitution.
En coulisses, les manœuvres se multiplient pour désigner le successeur de Moudiki. Ngoh Ngoh soutient Jean-Claude Ayem Moger, conseiller technique à la présidence, tandis que le couple Moudiki préfère Igor Bissaya. Une autre option envisagée est l’ingénieur Jean Perrial Nyodog, ancien cadre de la SNH.
Ce duel de titans place Paul Biya en position d’arbitre. Sa décision pourrait tomber avant son départ pour un repos estival prévu le 24 juillet, alors que le climat politique et social reste tendu à Yaoundé. Le dénouement de cette bataille aura des répercussions majeures sur la gouvernance de la SNH et sur l’équilibre des forces au sein du régime camerounais.