Dans les rues animées de Benin City, au Nigéria, les habitants sont impatients de récupérer leurs bronzes. Pour eux, leur retour symbolise la réparation de certains des torts commis par les troupes britanniques à l'époque coloniale.
La statue d'un coq est l'un des objets inestimables qui sera bientôt accueilli chez lui, après avoir été remis par le Jesus College à une délégation du Nigeria lors d'une cérémonie à l'université de Cambridge mercredi.
Cette statue fait partie des milliers de sculptures en métal et en ivoire réalisées entre le 15e et le 19e siècle et pillées par les troupes britanniques en 1897 dans le royaume ouest-africain du Bénin, dans l'actuel État d'Edo au Nigeria.
"Je suis heureux que l'œuvre de mon arrière-grand-père revienne au Bénin", déclare Monday Aigbe, qui, comme son ancêtre, est sculpteur.
Il dirige une fonderie à Benin City, la capitale de l'État d'Edo, où ses artisans travaillent tranquillement sur des statues en laiton.
Les ouvriers qualifiés façonnent une myriade de formes dans le métal, notamment des bustes de l'Oba - le titre du roi traditionnel de Bénin - ainsi que des statues d'animaux et des portes sculptées.
Ils fabriquent des bronzes ici depuis six générations. Au milieu de la fonderie se trouve une grande statue de l'arrière-grand-père de M. Aigbe.
Il travaillait pour Oba Ovonramwen Nogbaisi lorsque le raid a eu lieu sur le palais royal, il y a plus de 120 ans.
"Cela me met en colère parce qu'ils sont venus, ils ont détruit le palais, ils ont fait fuir mon arrière-grand-père de la ville au village", dit M. Aigbe.
Le butin, qui figure parmi les œuvres d'art africaines les plus précieuses jamais réalisées, a été vendu ou offert à des collectionneurs privés et à des musées du monde entier.
Alors que de plus en plus d'objets volés sont attendus au Nigeria - jeudi, l'université d'Aberdeen, en Écosse, rendra également l'un de ses bronzes - M. Aigbe prévoit d'emmener ses enfants les voir lorsqu'ils seront exposés.
"Vous avez maintenant des étagères vides. Le retour de ces objets reviendra à remplir ces étagères. Il y a une lacune dans notre histoire parce que ces objets ont été emportés."
Le gouvernement britannique a fait valoir que les bronzes du Bénin "résident à juste titre" au British Museum, qui en possède la plus grande collection au monde - avec plus de 900 pièces.
Selon les autorités britanniques, le fait d'héberger les objets anciens à Londres garantit également leur accessibilité au monde entier.
Mais c'est un argument que M. Umogbai conteste, affirmant que la plupart des Nigérians n'auront jamais l'occasion de les voir là-bas, compte tenu des frais de visa et de voyage.
"Je suis allé au British Museum parce que mon voyage était sponsorisé. Je n'aurais pas pu y aller autrement, même en tant que fonctionnaire.
"Il est plus facile pour les étrangers de nous rendre visite, en raison du dynamisme économique de l'Europe, par rapport à l'Afrique."
Pour lui, les Bronzes n'ont tout simplement pas leur place dans les musées occidentaux.
"Lorsque j'ai vu les Bronzes au British Museum, j'ai d'abord été heureux. Puis cette pensée a été remplacée par le sentiment que ces objets étaient assis de manière incongrue là où ils ne devraient pas être. Ils devraient être chez eux."
"Ma peinture du masque Idia a été inspirée par la restitution en cours des bronzes du Bénin", explique M. Obamina.
"Nous avons grandi sans voir le véritable masque, seulement les répliques. Notre patrimoine a été dispersé, il fallait donc que je peigne quelque chose pour représenter cela : le patrimoine dispersé qui se trouve à l'étranger", dit-il.
"Mais nous avons néanmoins toujours notre propre identité et nos pratiques culturelles. C'est pourquoi, lorsque vous prenez une photo avec votre téléphone, vous pouvez encore voir le masque dans son intégralité", poursuit-il.
L'arrière-grand-père paternel de M. Obamina était sculpteur. Bien qu'il ne sache pas s'il a travaillé sur l'un des bronzes anciens, il pense que les voir l'aidera à se connecter à son passé.
"Je suis un Nigérian, je suis un citoyen d'Edo - je ne peux donc pas vraiment m'en détacher, c'est enraciné en moi", affirme-t-il.
"Le retour de ces artefacts va signifier beaucoup, car cela va m'aider à me connecter avec mes ancêtres", ajoute-t-il.