La démarche, qui a tout d’une feuille de route, peut expliquer la dernière sortie de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun.
La correspondance que lui adressent quatre membres du Congrès le 9 janvier 2018 donne une idée de la perception que le pays de l’Oncle Sam a du Cameroun sous Paul Biya. Chillie Pingree (élue démocrate de 63 ans), Eliot L. Engel (élu démocrate, 71 ans), Lee Zeldin (élu républicain 38 ans) et Jamie Raskin (élu démocrate 55 ans) écrivent : «Nous respectons le droit des Camerounais à se choisir leurs leaders. Mais nous faisons remarquer que toutes les élections présidentielles antérieures ont été émaillées de fraudes ».
Depuis l’élection présidentielle de 2004, le processus électoral s’améliore, avec notamment l’introduction de nouvelles urnes transparentes, en lieu et place de celles en bois qui ont fait tant jaser. Mais le Congrès américain continue de brosser un tableau sombre : « Nous notons que l’appareil politique est hautement contrôlé par Paul Biya et son parti. Les élections de 2011 ont été émaillées de nombreuses irrégularités : absence de bulletins de votes, ouverture tardive des bureaux de vote, bourrage des urnes, votes multiples, absence d’encre indélébile et les intimidations des votants. »
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Les quatre membres du Congrès américain notent que « Paul Biya est actuellement le deuxième plus ancien chef d’Etat en fonction en Afrique centrale depuis 1982. Il sera éligible parce qu’il détient la majorité à l’Assemblée nationale (…) après 35 ans de règne, un nouveau leadership est nécessaire pour la gouvernance. » Rex Tillerson a été congédié par Donald Trump. Mais avant son départ, certains élus du Congrès affirment avoir informé le secrétaire d’Etat de la situation sécuritaire dans les zones anglophones du Cameroun.
Sa réponse était encore attendue. Mais le Congrès américain, lui, avait déjà donné à l’ambassadeur des USA à Yaoundé la conduite à tenir : veiller que les appuis militaires offerts à Yaoundé ne se retrouve sur le champ de bataille en zone anglophone. D’ailleurs, à propos de cette situation, « la crise anglophone doit se résoudre par le dialogue et la réforme de la gouvernance. Nous sommes convaincus que cela fera l’objet de vos priorités. »
Les membres du Congrès américain invitent leur ambassadeur à Yaoundé à accorder une attention particulière à l’échéance présidentielle de cette année : « Les futures élections présidentielles sont programmées en octobre 2018. C’est un point crucial pour l’explosion du potentiel des Camerounais».
Il doit aussi travailler en étroite collaboration avec le bureau des affaires africaines: « Nous apprécions votre engagement aux questions de sécurité, de santé et pour la bonne gouvernance. Aidez la population du Cameroun à atteindre son potentiel, comme cela apparait dans vos écrits ».