Buea : les militaires vérifient les comptes ‘mobile money’ des populations (vidéo)

Les militaires vérifient les comptes ‘mobile money’ des populations

Thu, 21 Oct 2021 Source: www.camerounweb.com

• Un habitant de Buea dénonce les agissements des militaires

• Il les accuse de fouiller les téléphones des populations

• Les actes de corruption sont légion dans cette ville



Les images sont surréalistes. Des militaires camerounaises en plein jour procède à des contrôles très peu ordinaires à Buea. Selon les témoignages rapportés par un étudiant à la journaliste Mimi Mefo, en plus de saisir de saisir les cartes d’identité des populations civiles, les militaires camerounais positionnés à Buea fouillent dans les téléphones de leurs concitoyens. Le comble, ils demandent aux personnes interpellées de donner les codes d’accès de leurs comptes bancaires mobiles.

« C'est ce que nous vivons entre les mains des policiers et des gendarmes à Buea tous les jours. Ils nous demandent de présenter nos cartes d'identité, nos papiers (qui peuvent parfois être corrects), mais ils ne s'arrêtent pas là. Ils gardent les cartes d'identité avec eux et commencent à nous demander nos téléphones. Si vous résistez pour déverrouiller le téléphone, ils vous brutalisent. Ils composent même *126# et demandent notre mot de passe pour connaître notre solde », déclare un témoin qui n’a toutefois pas indiqué avoir fait objet de racket.

Après l’assassinat le 14 octobre de la petite Caroline et du soldat Achille Mvogo, les populations du Buea avaient confié aux confrères du journal le Jour, les injustices que les hommes en uniformes leur font subir.





Messieurs 500 F CFA (Le Jour)


Le gendarme assassin et trois autres collègues commis pour assurer la sécurité au lycée de Bokova, s’étaient illustrés dans l’arnaque des populations, piétons et automobilistes confondus.

À Buea, le gendarme qui a assassiné la petite Enondiale Tchuengia Carolaise, âgée de six ans et élève en classe d’initiation (SIL), traînaient une mauvaise réputation. L’arnaque dans laquelle ses collègues et lui étaient passés maîtres était visiblement inscrite dans leur ADN. Elle avait pris une telle proportion que la population en général et les victimes en particulier, les avaient surnommés « Men for five hundred ».

Traduction littérale : « Les hommes de 500 francs CFA ». Allusion au montant standard ou minimal qu’ils exigeaient à chacune de leurs victimes. « Ce sont des malfrats. Je n’ai pas peur de dire cette vérité », déclare un habitant de la ville, qui exerce une activité commerciale non loin de l’endroit où a été abattue l’élève du CUIB de Buea, un établissement scolaire catholique sis au quartier Molyko, et dont nous avons rencontré le principal, le révérend père Pascal Siben.

Des témoins affirment que les deux gendarmes n’étaient pas supposés effectuer un contrôle sur l’embranchement de route menant au lycée de Bokova et à Munya. En revanche, ils avaient l’obligation d’assurer la sécurité des élèves et du personnel enseignant du Government High School of Bokova, un lycée situé un peu en périphérie de Molyko, dans une zone où des bandes armées (des séparatistes ?) effectuent régulièrement des incursions, selon nos sources. Délaissant la plupart du temps leur poste de travail, les bérets rouges descendaient par binôme jusqu’au marché où ils érigeaient un poste de contrôle improvisé. Le montant couramment connu de la grande majorité des riverains et des usagers de cette servitude était de 500 francs CFA.

D’où le tristement célèbre surnom attribué aux gendarmes. Selon des victimes que nous avons rencontrées, le gendarme assassin, particulièrement, n’était pas du genre à faire des concessions. « Quand il vous voyait passer, il vous regardait d’un air nerveux et méchant, en braquant l’arme contre vous, comme si vous aviez tué quelqu’un. Vous comprenez aussitôt que vous devez lui donner quelque chose », déclare un commerçant à Molyko. Il se souvient avoir été contrôlé un jour alors que son assurance avait expiré. « Je lui ai donné 5000 francs, pour un montant convenu à 2000F CFA. Comme il n’est pas parvenu à faire la monnaie, il a préféré empocher tous ces 5000F que je lui avais remis », poursuit le commerçant.

La sœur cadette traumatisée

Les conducteurs de taxis qui empruntaient cette voie routière confirment les allégations et dénonciations accablant ces hommes en tenue. Un taximan nous a déclaré dans la nuit de jeudi dernier que les gendarmes opérant à ce check- point illégal, ne demandaient même pas à voir les documents de la voiture quand ils avaient affaire aux automobilistes. « Parfois, nous leur remettons le dossier de la voiture juste pour les formalités. Car dans le dossier, nous avons introduit un billet de 500F qu’il retire avant de nous restituer le document », relate le jeune taximan, qui ne cache pas sa joie d’apprendre que la justice populaire a eu raison de l’un de leurs bourreaux.

En respect pour la mémoire d’Enondiale Tchuengia Carolaise, la victime collatérale des arnaqueurs, les classes sont restées fermées vendredi dernier dans son école, où étaient inscrits les deux autres enfants de Lisette. Cette semaine, un service religieux sera dit au sein de l’établissement scolaire confessionnel en mémoire de l’enfant. Il n’est pas sûr que la sœur cadette de la défunte se sera remise de ses traumatismes d’ici à là. Elle qui, pour avoir été arrosée par le sang de sa sœur, après la fusillade de celle-ci, aurait confié ne plus avoir l’envie d’aller à l’école, selon le principal de l’école.

Source: www.camerounweb.com