La scène est à peine croyable. Dimanche 12 juin 2022, hommes, femmes et enfants ont bloqué les rues du quartier Bonjongo à Buea pour empêcher les éléments du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) de quitter les lieux. Après avoir passé des semaines dans la localité, les militaires se préparaient pour être déployés ailleurs. Les populations de la localité craignent des représailles et supplient l’armée de ne pas les abandonner aux mains des groupes armés séparatistes.
« L'information a circulé que les forces gouvernementales étaient en route après des semaines de maintien de la paix dans la zone. Mais les habitants craignent que les combattants Amba Boys ne s'en prennent à eux, a déclaré un civil », révèle Cameroon News Agency.
Certains enfants, pour empêcher le départ des éléments du BIR, se sont incrustés entre les roues des camions militaires. « Avec des plantes de paix, des bâtons et d'autres objets, des hommes et des femmes ont marché dans les rues en suppliant les forces gouvernementales de ne pas quitter la zone », précise l’agence.
Vraisemblablement touché par le désespoir de cette population qui se sent livrée à elle-même, un commandant du BIR a tenté de rassurer les manifestants. Le convoi ne part pas dans l’immédiat a-t-il tenu à préciser tout en indiquant que la mission à Bonjongo ne sera tout de même pas permanente.
Les militaires désavouent le gouverneur de l’Ouest
Les habitants de Njiptapon ont-ils réellement trahi les militaires censés les protéger ? C’est ce que prétend le gouverneur de la région de l’Ouest Augustine Awa Fonka. 24 heures après l’assassinat de 5 militaires à Njiptapon dans le département de Noun, le gouverneur s’est rendu sur le lieu du drame pour envoyer un message fort aux populations locales. Augustine Awa Fonka déplore l’inaction des habitants de la localité qui selon ses propos, ont laissé mourir les militaires qui partageaient leur quotidien.
« Première position, ils commencent à tonner pendant deux à trois heures dans votre village sans une réaction de quelqu'un. Ces gendarmes avec qui vous êtes chaque jour. Vous buvez et vous mangez avec eux. Ils sont là pour vous défendre et vous les laisser se faire tuer de cette manière », a-t-il déclaré avant de se verser dans des propos qui ressemblent à des malédictions mélangées aux menaces. Tous les habitants de Njiptapon qui ont participé indirectement à l’assassinat des militaires camerounais, subiront la colère de Dieu d’après le gouverneur.
Cette version des faits est battue en brèche par les militaires survivants. Presque tous disent avoir obtenu bien avant l’attaque, les informations sur les intentions criminelles de No Pity et ses hommes. Les militaires sur place ont bien été renseignés par les populations.
« Nous qui sommes ici, la population nous parle de tout. On écoute et on rend compte immédiatement », a déclaré un militaire en colère qui ne comprend pas pourquoi ses supérieurs hiérarchiques n’ont pas pris en comptes les informations fournies.
« « Je suis pilote, j'ai reçu tous les renseignements ces endroits. On a rendu compte. Aucune disposition n'a été prise. Maintenant les gars sont attaqués. (...) Pourquoi ils n'ont pas réagi ? on a le droit de se fâcher. Nous sommes au four et au moulin ici. On est comprimé mon chef. », poursuit un autre militaire.
De son côté, le gouverneur continue par menacer les populations locales.
« Vous devez savoir que selon les lois de la République ou selon Dieu, si quelqu'un participe de manière indirecte à ce qui s'est passé, lui aussi est incriminé dans cette affaire. Ne pensez pas que devant Dieu vous serez pardonnés. Si vous échappez à la justice sur cette terre, vous n'allez pas échapper à la justice d'Allah ou de Dieu », a-t-il indiqué.
C'est un scénario spectaculaire qui rappelle un spectacle comique de Buea. La population du quartier de Bonjongo Court, dans le département de Buea, a bloqué dimanche 12 juin 2022 l'entrée du quartier en suppliant les membres de l'armée camerounaise de ne pas quitter leurs baraquements de fortune.
L'information a circulé que les forces gouvernementales étaient en route après des semaines de maintien de la paix dans la zone. Mais les habitants craignent que les forces de l'AMbazonia ne s'en prennent à eux, a déclaré un civil.
Avec des plantes de paix, des bâtons et d'autres objets, des hommes et des femmes ont marché dans les rues en suppliant les forces gouvernementales de ne pas quitter la zone.
Mais les éléments du bataillon d'intervention rapide avaient fait leurs bagages et d'autres articles pour partir.
Les observateurs soutiennent que la population n'a pas besoin de supplier les forces de sécurité qui se nourrissent des contribuables pour leur sécurité.
Un commandant du BIR est arrivé sur les lieux et a assuré que les forces ne partiraient pas aussi vite que possible mais qu'elles se sépareraient certainement dans les jours à venir.