Affectée comme infirmière à Buéa, loin de sa Douala natale, Viviane avait trouvé en Kenneth son premier guide. Il traduisait les dialectes, lui expliquait les subtilités de cette ville rendue sinistrement célèbre par la crise du NOSO, et, surtout, il jouait les "pistacheurs" généreux.
Ah, Kenneth, ce bienfaiteur au cœur tendre… et aux ardeurs dignes d’un taureau ibérique. Viviane frissonne encore en repensant à cette mémorable corrida sur son petit lit de jeune fille : deux heures de "massacre" intense, après quoi elle était prête à signer pour une seconde manche dès l’aube.
Mais voilà, tout conte de fées a sa sorcière. Le prince charmant, comme dans un mauvais film, s'est révélé être papa d'une petite fille et compagnon d'une femme avec qui il vivait en union libre. Dès lors, Viviane n’avait plus droit qu’à des miettes : quelques furtifs instants volés à l’emploi du temps de ce "double foyer". Faute de grives, elle avait accepté de manger le merle. Mais le temps, ce grand révélateur, avait d’autres plans.
En septembre, la réalité lui a sauté au visage sur la route du marché. La compagne officielle de Kenneth, excédée, l’a violemment interpellée, promettant les flammes de l’enfer à quiconque oserait s’approcher de "son homme". Et pour couronner le tout, cette dernière a révélé être à son deuxième enfant avec Kenneth, précisant que ni or, ni argent ne la feraient céder sa place. À Buéa, où les menaces sont aussi sérieuses qu’un couvre-feu, Viviane a préféré trembler en silence.
Mais la coupe a débordé lorsqu’un détour par une ruelle l’a conduite devant la maison de Kenneth. Là, en pleine dispute avec sa mère, elle a découvert une autre couche du sordide feuilleton : Kenneth avait mis enceinte une autre fille, qu’il avait installée chez sa génitrice, avec une vague promesse de mariage. Bien sûr, il ne levait pas le petit doigt pour s’occuper d’elle.
Depuis ce jour, Viviane répète en boucle: "C’en est trop, la coupe est pleine" Mais, comme le dit si bien la sagesse populaire, seul le temps dira si elle tiendra parole… ou si Kenneth arrivera, une fois de plus, à jouer de son charme de taureau pour la faire revenir