C’est chaud : 4 puissants ministres de Paul Biya à la barre

Jeudi 21 novembre 2024, sous la présidence de Chief Tabe Tando Ndieb Nso, vice-président du Bureau du Sénat, s'est tenue une séance plénière exceptionnelle. Quatre ministres ont été successivement interrogés dans le cadre du contrôle parlementaire de l'action gouvernementale. Les sénateurs ont saisi cette opportunité pour aborder des sujets cruciaux touchant aux infrastructures, à l'éducation, à l'économie et à la santé.

Infrastructure et transport : La difficile gestion des routes

Le Ministre des Travaux Publics a longuement répondu aux préoccupations du sénateur Maloum Bra concernant la dégradation généralisée des routes camerounaises. Il a dressé un diagnostic complexe des défis rencontrés, mettant en lumière l'incivisme des usagers de la route, en particulier les conducteurs de gros porteurs dont les tonnages restent souvent incontrôlés.

La forte pluviométrie a également été identifiée comme un facteur aggravant la détérioration du réseau routier. Les difficultés de trésorerie des entreprises sous contrat ralentissent significativement les programmes de réhabilitation et d'entretien. Le ministre a néanmoins tenu à rassurer l'assemblée en détaillant les dispositions légales existantes pour protéger ces infrastructures stratégiques.

Éducation : Entre ambition et réalité

Le sénateur Pierre Flambeau Ngayap a interpellé le Ministre de l'Éducation de Base sur l'allocation des ressources publiques dans le secteur éducatif. Le ministre a reconnu sans détour que le Cameroun n'a pas encore atteint l'objectif de consacrer 20% du budget national à l'éducation.

Malgré ce constat, il a souligné que le secteur n'est pas négligé. Pour illustrer ses propos, il a mis en avant la progression significative du taux d'alphabétisation, notamment dans les zones considérées comme prioritaires. Cette intervention témoigne de la volonté gouvernementale de continuer à investir dans le capital humain, même avec des ressources limitées.

Économie digitale : Une transformation en marche

Interrogé par la sénatrice Ngangoube Aminatou, le Ministre de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire a confirmé la progression spectaculaire des paiements en ligne. En 2022, ces transactions ont totalisé plusieurs milliards de francs CFA, selon les données de l'Agence de régulation des télécommunications.

Alamine Ousmane Mey a tenu à rassurer sur le cadre juridique de ces nouvelles pratiques commerciales. Deux textes majeurs encadrent désormais ces transactions : le texte régissant le commerce électronique au Cameroun et le règlement de la CEMAC relatif à l'exercice des missions de monnaie électronique. Ces transactions font l'objet d'un contrôle strict par les autorités compétentes.

Santé : Réglementation et formation professionnelle

Le sénateur Kouma Eugène a interrogé le Ministre de la Santé Publique, Manaouda Malachie, sur deux sujets sensibles : l'inscription des infirmiers au tableau de l'ordre et les différences entre les formations de l'Enseignement Supérieur et du Ministère de la Santé.

Le ministre a été catégorique : pour être inscrit au tableau de l'ordre, il faut impérativement être titulaire d'un diplôme d'État d'infirmier. Sa réponse la plus marquante restera sans conteste : « Ce n'est pas le diplôme qui fait la profession, il faut se former. » Un accord récent entre le Ministère de l'Enseignement Supérieur et celui de la Santé Publique prévoit désormais que la formation des personnels médico-sanitaires relève uniquement du Ministère de la Santé Publique.

Cette séance plénière a brillamment illustré le rôle de contrôle et de transparence du Sénat camerounais. Chaque ministre a apporté des réponses circonstanciées, démontrant la volonté de dialogue et d'explicitation des politiques publiques.

Un exercice démocratique qui permet aux citoyens de mieux comprendre les défis et les stratégies gouvernementales dans des secteurs essentiels au développement national.