L’exorcisme est une pratique religieuse ou magique, comportant certaines formules et certains gestes rituels, elle est destinée à chasser le démon d'un endroit qu'il occupe et, en particulier, du corps d'un possédé. Une séance d'exorcisme a été filmée en temps réel, comme on peut le constater dans cette publication du lanceur d’alerte Shance Lion.
Gabriele Amorth, né le 1er mai 1925 à Modène et mort le 16 septembre 2016 à Rome, est un prêtre paulinien italien. Élève et disciple du père Candido Amantini, il l'assiste à partir de 1986, puis lui succède comme exorciste du diocèse de Rome en 1990. Auteur à succès et fondateur de l'Association internationale des exorcistes, il est, à sa mort, le plus célèbre exorciste de la planète.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Gabriele Amorth entre chez les Jeunes Chrétiens-Démocrates, dont il devient, en 1947 — à l'âge de 22 ans —, le délégué national adjoint. Proche de Giulio Andreotti, il se lie par la suite au groupe formé par Giorgio La Pira, Giuseppe Dossetti, Amintore Fanfani et Giuseppe Lazzati.
Diplômé en droit, il entre dans la Société de saint Paul et reçoit l'ordination le 24 janvier 1954, à Rome, des mains de Mgr Ilario Roatta, évêque de Norcia. Conformément à son charisme de religieux paulinien, il devient par la suite directeur de la revue Madre di Dio et collaborateur au magazine Famiglia Cristiana, fondé par le père Giacomo Alberione. Il devient, dans le même temps, membre de l'Académie pontificale mariale internationale.
Formé par le père Candido Amantini, le père Amorth est nommé exorciste du diocèse de Rome en juin 1986, par le cardinal Ugo Poletti. Il devient alors son assistant, à qui il succède en 1990. De 1986 à 2007, il effectue entre 50 000 et 70 000 exorcismes. En 2008, il affirme toutefois n'avoir rencontré de réelles possessions démoniaques qu'une centaine de fois environ, l'immense majorité de ses patients étant victimes de simples « troubles démoniaques », voire de maladies mentales. Pour cette raison, il travaille très étroitement avec des psychiatres et médecins. Dans le même sens, il affirme que certains exorcismes prennent plusieurs heures, mais que la plupart d'entre eux ne prennent que quelques minutes.
En septembre 1991, le père Amorth fonde l'Association italienne des exorcistes, qui devient rapidement l'Association internationale des exorcistes, sous l'influence du père René Chenesseau notamment. Il en est le président jusqu'à sa retraite, en 2000, date à laquelle il devient président honoraire à vie de l'association. Les statuts de cette dernière sont approuvés par le Saint-Siège en juin 2014.
Dans le monde francophone, après la publication de ses Confessions-Mémoires en 2012, Don Amorth se voit souvent qualifié d'« exorciste officiel du Vatican » ou d'« exorciste en chef du Vatican », des fonctions qui n'existent pas au sein de l'Église catholique. Il est en fait simplement, de 1986 jusqu'à sa mort, l'un des exorcistes du diocèse de Rome.
En 2016, William Friedkin réalise le film-documentaire The Devil and Father Amorth (en), lors duquel il filme, pour la première fois de l'histoire et avec l'autorisation exceptionnelle du Saint-Siège, un exorcisme pratiqué, en l'occurrence, par le père Amorth. Malheureusement, en plein milieu du tournage, le prêtre est hospitalisé à Santa Lucia de Rome, où il meurt le 16 septembre 2016, à la suite de complications pulmonaires.
Ses obsèques sont célébrées solennellement le 19 septembre suivant, par Mgr Paolo Lojudice, évêque auxiliaire de Rome, et don Valdir José de Castro, supérieur général de la Société de saint Paul, en la basilique Santa Maria Regina degli Apostoli alla Montagnola, dans le quartier d'Ostiense.
Pour Don Amorth, les catholiques ont « un clergé et un épiscopat qui ne croient plus au diable, aux exorcismes, aux maux extraordinaires que le diable peut provoquer, ni non plus au pouvoir que Jésus a donné pour chasser les démons [...] Depuis [les années 1970], l'Église latine — au contraire de l'Église orthodoxe et de différentes confessions protestantes — a presque entièrement abandonné le ministère de l'exorcisme.
Et comme le clergé ne pratique plus les exorcismes, comme il ne les étudie plus et ne les a jamais vus, il n'y croit plus. Et il ne croit plus non plus au diable. Nous avons des épiscopats entiers qui sont hostiles aux exorcismes ». Il ajoute : « Mais si un évêque se trouve devant une demande sérieuse d'exorcisme — c’est-à-dire qui ne soit pas faite par un fou — et qu'il ne fait rien, il commet un péché mortel, et il est responsable des souffrances terribles qu'endure cette personne ».
Conformément aux paroles du pape Paul VI, pour qui « la fumée de Satan » était bel et bien entrée dans l'Église, Don Amorth considère que le diable est partout, y compris au Vatican, où se seraient installées des « sectes sataniques » et « des légions de démons » : « le Malin tente surtout les autorités de l'Église, comme il tente toutes les autorités, celles de la politique et de l'industrie »,. Satan s'attaquerait même prioritairement à l'Église, comme un général tenterait de conquérir la place forte d'un ennemi, « mais, grâce au ciel, il y a l'Esprit Saint qui dirige l'Église : les portes de l'enfer ne prévaudront pas, malgré les défections et malgré les trahisons, dont il ne faut d'ailleurs pas s'étonner.
La première trahison fut l'œuvre de l'un des apôtres les plus proches de Jésus : Judas Iscariote. Pourtant, malgré cela, l'Église poursuit son chemin. L'Esprit Saint la maintient debout et les attaques de Satan ne peuvent donc connaître que des réussites partielles. Certes, le démon peut gagner des batailles, et même des batailles importantes, mais jamais la guerre ». Les récents scandales sexuels au sein de l'Église, par exemple, seraient le résultat du travail des démons à l'égard de quelques prêtres, qui « n'étaient pas possédés, mais bien tentés par le diable ».
À propos de la propagation du satanisme, le père Amorth affirme : « quand la foi recule, la superstition fait des progrès. En termes bibliques, je peux dire que l'on abandonne Dieu pour se livrer à l'occultisme. Le terrible recul de la foi dans toute l'Europe catholique fait que les gens se jettent dans les bras des magiciens et des cartomanciens, et que les sectes sataniques prospèrent. Le culte du démon fait l'objet d'une grande publicité auprès de masses entières, à travers le rock satanique et de personnages comme Marilyn Manson.
On s'attaque aussi aux enfants ! Les séances de spiritisme, dans lesquelles on évoque les morts pour qu'ils répondent à certaines questions sont très répandues ! [...] Selon les sondages, 37 % des étudiants ont fait au moins une fois le jeu des lettres ou du verre qui est une véritable séance de spiritisme. [...] Il n'y a pas de différence entre magie blanche et magie noire. Quand la magie fonctionne, c'est toujours l'œuvre du démon. Toutes les formes d'occultisme, comme ce grand recours aux religions d'Orient, avec leurs suggestions ésotériques, sont des portes ouvertes au démon, et le diable entre tout de suite ! ».
À propos de Satan, le père Amorth affirme : « Il a une stratégie monotone. Je le lui ai dit et il le reconnaît... Il fait croire que l'enfer n'existe pas, que le péché n'existe pas et qu'il n'est qu'une expérience de plus à faire. Concupiscence, succès et pouvoir sont les trois grandes passions sur lesquelles s'appuie Satan ». Pour lui, le plus grand succès du diable est de « réussir à faire croire qu'il n'existe pas », y compris « à l'intérieur de l'Église ».
Au cours d'un entretien avec Sławomir Sznurkowski, il décrit les trois grandes lois du satanisme : « Fais ce que tu veux ; n'obéis à personne ; sois ton propre Dieu », qui, selon lui, expliquent la recrudescence actuelle des cas de possessions.
Son expérience lui permet, entre autres, de distinguer « deux catégories de possédés » : les personnes possédées à la suite de leurs propres erreurs et les autres, attaquées en raison de leur amour pour Dieu. Don Amorth précise, par ailleurs, qu'« on peut être soumis aux attaques du démon dans quatre cas : parce que cela constitue un bien pour la personne et c'est le cas de beaucoup de saints ; en raison de la persistance irréversible dans le péché ; parce que l'on est victime d'un maléfice lancé à travers le démon ; ou lorsqu'on se livre à des pratiques d'occultisme ». Lorsqu'un journaliste lui demande s'il lui est arrivé d'avoir « peur du démon », il répond : « Moi, peur de cette bête ? C’est lui qui doit avoir peur de moi : moi j’agis au nom du Seigneur du monde. Et lui, il n’est que le singe de Dieu ».