Depuis le 2 novembre 2023, Eneo, le distributeur exclusif d'énergie électrique au Cameroun, a officiellement averti les entreprises du lancement de délestages, affectant la fourniture d'électricité aux industriels pendant des périodes quotidiennes.
La durée de cette période de délestages n'est pas spécifiée, suscitant des préoccupations, d'autant plus que les ménages subissent déjà des perturbations récurrentes depuis plusieurs semaines en raison d'incidents sur les réseaux de transport et de distribution. La filiale du fonds d'investissements Actis précise que cette directive gouvernementale découle du "retrait soudain de la totalité des groupes de deux centrales thermiques essentielles à l'équilibre offre-demande dans le réseau interconnecté Sud."
Cette décision fait suite à l'arrêt des centrales à gaz de Kribi et à fuel de Dibamba par la société britannique Globeleq le 31 octobre dernier. Ces centrales, d'une capacité totale de 304 mégawatts, fournissent habituellement un minimum de 180 MW à Eneo pour approvisionner le pays. Leur arrêt entraîne un déficit de production de 180 MW, plongeant des régions entières dans l'obscurité.
Le directeur général d'Eneo, Amine Homman Ludiye, explique que pour pallier cette situation, la société doit désormais compter sur ses centrales thermiques à fuel éparpillées dans le pays, malgré leurs coûts élevés en carburants. Les contraintes financières d'Eneo compliquent cette transition.
En effet, les sources internes à l'entreprise soulignent que la société peine à activer plusieurs centrales thermiques en raison de ses tensions de trésorerie. Avec une dette de trésorerie de 113 milliards FCFA affichée en 2022, Eneo fait face à des difficultés financières importantes.
Le retrait de ces centrales cruciales associé aux impayés de l'État met en péril la capacité d'Eneo à fournir de l'énergie. La société a des difficultés à régler sa facture mensuelle de plus de 8 milliards FCFA à Globeleq, entraînant l'arrêt des centrales de Kribi et Dibamba depuis le 31 octobre 2023.
Avec l'approche de la saison sèche d'ici le 15 novembre 2023, Eneo pourrait voir ses capacités de fourniture d'énergie se détériorer davantage. La période de saison sèche est généralement marquée par la baisse du niveau des eaux dans les barrages hydroélectriques, entraînant une réduction de la production d'électricité.
Face à cette crise, les regards se tournent vers l'État pour une intervention afin d'oxygéner la trésorerie d'Eneo. La matérialisation de projets, tels que la construction d'un barrage-réservoir sur le fleuve Ntem, reste en suspens, laissant l'urgence de la reprise des centrales de Kribi et Dibamba comme solution immédiate.
En attendant, la population camerounaise redoute une aggravation des délestages en cette période cruciale de fin d'année, mettant en lumière la nécessité d'une intervention rapide pour éviter une crise énergétique majeure.