Les regards sont tournés vers l’Assemblée nationale camerounaise qui reprenait la session parlementaire ce jour. Cavayé Yeguié dont le directeur de cabinet a été remplacé, s’est prononcé devant la foule. Le journaliste Boris Bertolt fait ci-dessous un résumé de son intervention véhémente vis-à-vis de Paul Biya.
Cavayé Yeguié Djibril attaque violemment Paul Biya, Ferdinand Ngoh Ngoh et Samuel Mvondo Ayolo à l’Assemblée nationale. Cavayé Yeguié est très remonté contre Paul Biya. C’est le peu que l’on puisse dire. Lors de sa prise de parole ce jour à l’ouverture de la session parlementaire, les observateurs n’ont pas manqué de s’étonner des propos du président de l’Assemblée nationale, touchant notamment à la séparation des pouvoirs. Il a appelé, en des mots clairs, l’exécutif à laisser le législatif fonctionner sans aucune interférence.
Le président de l’Assemblée nationale a, à cet effet, souligné : « Je voudrais rappeler à tous que le Cameroun est un État de droit marqué par la séparation des pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Ces derniers fonctionnent dans l’harmonie totale sous la très haute direction du président de la République, chef de l’État, chef des institutions nationales. Nul n’a le droit de perturber cet équilibre institutionnel. Chacun doit rester à sa place ». Des propos inédits venant de Cavayé Yeguié.
En fait, depuis plusieurs mois, le président de l’Assemblée nationale supporte mal les critiques de l’exécutif contre le management de ce qu’il considère comme sa « boîte ». Ce matin, agacé par les agissements de Ferdinand Ngoh Ngoh, l’homme à la punk, secrétaire général de la présidence de la République, et du directeur du cabinet civil qui tente de lui imposer comme SG, l’ancien maire de Sangmélima, Essiane, il s’est emporté devant un petit cercle de proches : « Pour remplacer Meva’a qui est parti du Sénat, ils veulent m’envoyer un certain Essian. Ils sont dans les affaires du village comme si le pays est pour eux et moi ils me saoulent avec mon directeur de cabinet ».
Le chef de village de Mada, convaincu qu’il sera débarqué malgré tout en mars prochain, ne souhaite plus faire des concessions. Il refuse de se mettre à dos sa famille, le Dircab débarqué étant le fils de sa sœur et en même temps époux de sa fille. « Je ne suis plus un enfant pour qu’on m’impose tout ça. Gaston Komba et Ferdinand Ngoh Ngoh ne dirigent pas l’Assemblée nationale, qu’ils arrêtent avec leur chantage » crie Cavayé Yeguié à ses proches.
Le président de l’Assemblée a regagné sa résidence ce début d’après-midi passablement frustré, disant même que si la présidence souhaite fermer son institution, qu’il la ferme. « J’ai demandé deux milliards pour terminer l’année mais Ferdinand Ngoh Ngoh conditionne cet appui aux limogeages de mes collaborateurs et fils. Qu’il laisse, d’ailleurs ce comité d’audit qui cherche au fond ma tête est dissous, il sera dissous ; que Baoro aille le dire à son Ferdinand Ngoh Ngoh », a-t-il indiqué. Les prochaines heures seront encore chaudes à l’Assemblée nationale. Un texte de Boris Bertolt.