Cérémonie verrouillée : Jeune Afrique dévoile comment les hommes de Biya ont bouclé le 20 mai

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Mon, 20 May 2024 Source: www.camerounweb.com

Le Cameroun célèbre ce 20 mai la Fête de l'unité, une journée chargée de symboles et de traditions. Mais cette année, l'événement se déroule dans un contexte politique tendu, marqué par des contestations autour de la délégation permanente de signature du secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh. Selon Jeune Afrique, les "hautes instructions" qu'il transmet sont de plus en plus remises en question, certains sceptiques se demandant si elles émanent réellement du président de la République, Paul Biya.

C'est dans ce contexte que le chef suprême des armées, Paul Biya, compte profiter de la grande parade du 20-Mai pour se réaffirmer comme le patron. Comme il est de tradition, il restera debout durant l'ensemble du défilé militaire à pied, qui a été soigneusement calibré pour ne pas dépasser une durée de 25 minutes. Toutefois, certains dignitaires de la République n'ont pas forcément été en mesure de relever ce défi physique lors des dernières éditions, comme le président du Sénat Marcel Niat Njifenji ou celui de l'Assemblée nationale Cavaye Yéguié Djibril, tous deux diminués par l'âge et des ennuis de santé.

Le traditionnel banquet prévu dans la soirée du 20 mai au palais présidentiel a également été maintenu. Cette cérémonie au cours de laquelle Paul Biya et son épouse passent quelques minutes en compagnie des hauts responsables du pays et sous le regard de leur garde rapprochée, donnera une nouvelle fois l'occasion aux barons de la République de s'enquérir des nouvelles du président.

Depuis trois semaines, les préparatifs de cette journée battent leur plein. Au cabinet civil de la présidence, que dirige Samuel Mvondo Ayolo, on s'est attelé aux derniers réglages de la réception, qui verra environ 5 000 invités du couple présidentiel converger vers le palais d'Etoudi. Le ministère de la Défense s'est lui activé pour qu'aucun couac ne perturbe le défilé.

Cette année encore, le ministre Joseph Beti Assomo a tenu à cet effet une réunion le 13 mai avec les responsables des médias qui couvriront l'événement. Au cours de ce meeting préparé par le chef de la Sécurité militaire, le colonel Joël Émile Bamkoui, consigne a été rappelée aux preneurs d'images d'éviter des plans longs sur le président, notamment lorsqu'il est en train de marcher. Les éléments de langage ont également été communiqués aux commentateurs : ils devront tourner autour de la magnificence du lien entre l'armée et la nation.

Dernier centre d'intérêt de ce 20 mai : la participation des partis politiques. Au Cameroun, il est de tradition que la parade qui captive l'attention de l'ensemble de la communauté nationale soit une occasion de démonstration de puissance. Les formations politiques s'arrangent ainsi volontiers pour défiler avec un nombre impressionnant de militants, lesquels sont parfois fictifs. Ces dernières années, le défilé du 20-Mai a aussi permis aux acteurs politiques de l'opposition de faire passer des messages, tandis que le pouvoir pouvait y voir l'occasion de régler des comptes.

Cette année, cet aspect géré par le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a une nouvelle fois fait l'objet d'un vif débat au sein de l'espace public, en raison de trois mesures controversées qui ont été prises. Paul Atanga Nji a en effet donné instruction aux préfets d'informer les responsables des partis politiques, opposition comprise, qu'ils défileront avec des effigies de Paul Biya, chef de l'État et président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir). La participation a en outre été restreinte aux partis représentés à l'Assemblée nationale, ce qui exclut de fait le MRC de Maurice Kamto. Celui-ci envisageait pourtant de faire son grand retour, après avoir boycotté l'événement depuis 2019. Enfin, Paul Atanga Nji a instruit ses préfets de ne pas laisser le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de l'opposant Cabral Libii prendre part au défilé, au motif que les dissensions internes qui opposent le député au fondateur de la formation, Robert Kona, pourraient "perturber l'environnement des festivités".

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