Lors de son entretien avec RFI ce jeudi, Samuel Eto’o a annoncé sa candidature au comité exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF), suscitant à nouveau des interrogations quant à ses motivations profondes. Derrière les promesses de modernisation du football africain se dessinent des enjeux personnels, notamment sa rivalité avec son ancien allié, Seydou Mbombo Njoya, actuel membre du comité exécutif de la CAF. Cette bataille semble être bien plus qu’une simple question d’influence dans les instances du football : elle pourrait s’apparenter à une vendetta.
Samuel Eto’o a justifié sa candidature par la nécessité de rompre avec les pratiques actuelles de la CAF, mais cette position semble paradoxale au vu de son propre parcours. Ancien conseiller spécial d'Ahmad Ahmad, ex-président de la CAF éclaboussé par des scandales de corruption, Eto’o avait lui-même contribué à conduire l’instance vers une crise financière. Son ambition à la CAF, malgré les discours sur l’unité et la défense des intérêts camerounais, s’oppose directement à Mbombo Njoya, représentant déjà le Cameroun au comité exécutif. Cette opposition divise non seulement la scène nationale, mais aussi les acteurs du football africain.
Sur le plan réglementaire, la CAF permet aux membres sortants de se représenter. Cependant, Eto’o avance que « le membre sortant au comité exécutif n’a pas le droit de se représenter sans mandat de sa fédération ». Il ajoute que la Fécafoot n’aurait pas transmis ce document de parrainage à Mbombo Njoya, soulignant ainsi une zone grise dans les procédures de la CAF. Ce cas de figure, rare dans l’histoire de l’institution, pourrait permettre à Mbombo Njoya de solliciter le soutien d’une autre fédération membre de l’Union des Fédérations de Football d’Afrique Centrale (UNIFFAC). Cette situation fait dire à certains observateurs que Samuel Eto’o recherche constamment la confrontation, notamment pour régler des comptes personnels.
Au-delà de cette querelle, des voix s’élèvent pour questionner les véritables intentions d’Eto’o. L’ancien capitaine des Lions indomptables affirme vouloir insuffler transparence et professionnalisme au sein de la CAF. Toutefois, ces engagements contrastent avec sa gestion controversée de la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot), où des critiques récurrentes pointent son autoritarisme, un manque de concertation, et des soupçons de détournement de fonds. Malgré ses promesses de réformes, la Fécafoot continue de faire face à des problèmes structurels, notamment la gestion opaque des ressources financières et la mauvaise organisation des compétitions locales.
De l’autre côté, Seydou Mbombo Njoya, ancien président de la Fécafoot et membre du comité exécutif de la CAF, représente la continuité et la modération selon Camfoot. Bien qu’il ait parfois été critiqué pour un manque d’audace, il jouit d’un réseau d’alliés influents au sein de la CAF, et a aidé Patrice Motsepe à s’installer à la présidence de l’institution. Contrairement à Eto’o, dont les prises de position sont souvent polémiques, Mbombo Njoya mise sur la diplomatie et le consensus.
L’ambition de Samuel Eto’o est également affaiblie par des scandales personnels qui ternissent son image. En plus de purger une suspension de six mois infligée par le Comité de Discipline de la FIFA, sa condamnation pour fraude fiscale en Espagne et la controverse liée à son contrat avec une plateforme de paris sportifs jettent un voile sombre sur son intégrité. Le retrait par le gouvernement camerounais de ses prérogatives concernant la gestion des subventions publiques témoigne aussi de ses difficultés avec les finances.
Malgré ses bonnes relations supposées avec Patrice Motsepe, président de la CAF, et Gianni Infantino, président de la FIFA, Samuel Eto’o semble peiner à obtenir un soutien explicite. Cette absence d’appui soulève des doutes quant à sa capacité à rassembler au-delà de sa popularité et à incarner véritablement le changement qu’il prône.
Loin d’être perçue comme une candidature visant à fédérer, l’initiative d’Eto’o semble alimenter des divisions au sein du football camerounais et africain. Ses ambitions à la CAF ne semblent pas dictées uniquement par le désir de réformer l’institution, mais aussi par la volonté de régler des comptes personnels à en croire Camfoot. Cette rivalité avec Seydou Mbombo Njoya, qui avait été écarté de la présidence de la Fécafoot en 2021, mettrait en lumière une incapacité à transcender les différends pour servir l’intérêt général.