Le président de la République tient à sa coupe d’Afrique des nations (CAN) en 2019. Aussi veille-t-il sur tout ce qui se dit ou se fait autour de cet événement. Même les sorties médiatiques du président de la Confédération africaine de football (CAF) sur la supposée incapacité de son pays à boucler à temps tous les chantiers ne laissent pas Paul Biya insensible. Et il a tenu à avoir un échange direct sur la question avec le patron de l’instance faîtière du football africain.
Au sortir de l’audience que lui a accordée le chef de l’Etat mardi 2 octobre, Ahmad Ahmad a déclaré : «La CAF n’a pas de plan B. La CAF n’a jamais réfléchi à un retrait de la CAN au Cameroun. C’est le Cameroun qui organise cette compétition et c’est lui qui pourra nous dire demain : on est prêt, ou alors donnez-nous le temps, nous ne sommes pas prêts».
Un discours que Ahmad Ahmad a toujours tenu. Et qui cache à peine le fond de sa pensée : «Je ne suis pas sûr que le Cameroun soit prêt à organiser la CAN. (…) Beaucoup de choses manquent encore. Le Cameroun est toujours confronté à de gros problèmes concernant les infrastructures comme les terrains et même les hôtels». Il est évident qu’il a partagé ces informations avec Paul Biya. Qui les a sans doute prises au sérieux.
La preuve : au lendemain de cette audience, le président de la République a tenu à être fixé sur l’état réel d’avancement des chantiers. C’est dans cette optique qu’il a commandé un rapport circonstancié à la TaskForce, la cellule logée à la présidence de la République et chapeautée par le secrétaire général qui coordonne tous les projets liés à l’organisation de cet événement.
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En vérité, Paul Biya voulait surtout avoir des informations précises sur les chantiers de Garoua, davantage ceux attribués à l’entreprise Prime Potomac. Cet intérêt tient au fait que le président de la République avait déjà reçu plusieurs rapports alarmistes sur les projets réalisés par l’entreprise américaine. Aussi n’a-t-il pas attendu le rapport qui devrait lui être remis mercredi 17 octobre pour s’enquérir de la situation. Pendant son séjour à Garoua du lundi 8 au mercredi 10 octobre, un échange téléphonique avec la Task-Force a permis au président de la République d’avoir le cœur net. Les terrains d’entrainement seront livrés dans les prochaines semaines. Mais les mauvaises prédictions des rapports ayant été démenties par la réalité, désormais il a été rapporté au chef de l’Etat que les travaux de l’hôtel des Sports piétinent.
Pourtant, d’après une source interne à la Task-Force, Prime Potomac a rassuré le président de la République sur la livraison de l’hôtel la Bénoué en rénovation et de l’hôtel des Sports le 31 décembre 2018. «L’entreprise assure que tous les équipements sont déjà prêts aux Etats-Unis afin de doter Garoua d’un hôtel 4 étoiles (Bénoué) et d’un hôtel 5 étoiles (hôtel des Sports)», souffle notre source. Cerise sur le gâteau, alors que le cahier de charges prévoit un hôtel 4 étoiles, la qualité des travaux et des équipements importés des Etats-Unis fera finalement de l’hôtel des Sports un 5 étoiles doté notamment de quatre ascenseurs Otis Gen2. Ses travaux seraient bien plus avancés si les décomptes étaient payés régulièrement et à temps. Pour pallier cette difficulté, l’entreprise est parfois obligée de s’arranger avec ses fournisseurs.
Après Garoua, la mission de la Task-Force s’est rendue du samedi 13 au lundi 15 octobre à Douala et Bafoussam. Ce dernier site, contrairement à Yaoundé ou Buea-Limbe, donne quelques frayeurs, notamment pour ce qui concerne les hôtels ou la réhabilitation des routes. Avec ce regain d’attention du président de la République, sans doute que les travaux des différents chantiers prendront un coup d’accélérateur dans les prochains jours.