Pour quelques observateurs, le document évite clairement de s’intéresser au sujet de la Coupe d’Afrique des nations jouée au Cameroun en début d’année dernière.
Depuis le 27 octobre dernier, le Rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2022 est disponible. En première lecture, le travail présenté par la Commission nationale anti-corruption (Conac) fonctionne sur des actions visibles. «L’ensemble finit par former une production dotée d’une authentique cohérence», aborde d’emblée Elvis Basile Ndonkeng Nitcheu. Pour l’homme politique, «le Rapport 2022 n’est qu’une grammaire et un langage de l’action publique de la Conac». Et cette dernière semble bien donner raison à cet avis tranché.
«Du 9 janvier au 6 février 2022, le Cameroun a organisé la 33è édition de la Coupe d’Afrique des nations. Les matchs de cette compétition, qui mettaient aux prises 24 équipes nationales, se sont disputés dans les villes de Yaoundé, Douala, Bafoussam, Garoua et Limbé. À cette occasion, la Conac a organisé une campagne de communication dénommée «Can TotalEnergies Cameroun 2021 Sans Corruption» pour véhiculer un message anti-corruption formulé comme suit: «Pour une Can Total Energies Cameroun Sans corruption, disons non à toute forme de corruption et de tricherie et dénonçons tout acte de corruption à la Conac», est-il consigné dans le Rapport.
«Quand on examine l’ensemble du corpus, quand on considère le nombre d’opérations concernées, ce choix invalide tous les faits présumés de corruption liés à l’organisation de la Can au Cameroun», constate Lionel Bayiha. Campé sur une approche essentiellement financière et sectorielle, cet activiste de la société civile reproche à la Conac de ne s’être «pas intéressée au dossier Olembe». Et selon Jean-Marc Bikoko, un autre activiste de la société civile, «cela pose deux problèmes». «Le premier souligne une bifurcation éditoriale autour d’un scandale au sujet duquel une autre institution de contrôle avait émis son avis; et le deuxième concerne le risque de distraction de l’opinion publique», fait observer Jean-Marc Bikoko. Reprenant quelques lignes du Rapport 2022 de la Conac, le syndicaliste remarque que le document affiche uniquement «un travail qui recommande la non-ingérence dans les affaires de la Task Force Can 2022».
En effet, par sa manière de caractériser et de traiter le dossier Can 2022, la Conac se montre bien circonspecte, en alléguant que «cette activité (communication institutionnelle officiellement lancée le 29 décembre 2021 à Bafoussam; apposition de 17 affiches sur des panneaux publicitaires de 4 mètres sur 3 et 6 mètres sur 3 dans les villes qui ont abrité les différentes poules de la compétition et la pose de 12 Rollups dans les aéroports internationaux de Yaoundé-Nsimalen, de Douala, de Garoua et à l’Aéroport de Bafoussam-Bamougoum, NDLR) lui a permis de donner aux acteurs du football mondial et à la communauté nationale l’image d’un Cameroun résolument engagé à lutter contre la corruption».