Le Délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn), Martin Mbarga Nguele, a annoncé dans un communiqué daté du 10 janvier 2025, le lancement d’une opération visant à résoudre les problèmes d’identité multiples et à accélérer la délivrance des cartes nationales d’identité (Cni).
Dans le cadre de cette opération Mbarga Nguele invite « tous les citoyens camerounais en situation de double identité ou ayant d’autres difficultés avec leur filiation pour obtenir leurs Cni, à déposer (…) leurs requêtes (..) auprès de l’une des dix délégations régionales de la Sûreté nationale, en vue du traitement de leur cas » . Le patron de la Police camerounaise précise que les demandes doivent être accompagnées des coordonnées personnelles des intéressés telles que le numéro de téléphone, l’adresse e-mail et la boîte postale. Les personnes concernées peuvent également consulter le site Internet de la Dgsn (www.dgsn.cm) ou suivre les émissions dédiées à la Sûreté nationale diffusées sur le Poste national de la Crtv pour obtenir des informations supplémentaires. Selon les autorités de la police, près de 3 millions de Camerounais se trouvent en situation de double, voire de triple identité, ce qui complique considérablement le processus de délivrance de la Cni.
Ces personnes refuseraient de faire valider leur identité authentique, « car ayant développé d’autres avantages avec leurs multiples identités » , comme l’a déclaré Martin Mbarga Nguele en janvier 2021, expliquant par-là les retards observés dans la délivrance de cette pièce. Cette problématique a généré une frustration importante parmi les citoyens, notamment sur les réseaux sociaux, où la campagne « Je veux ma CNI » dénonçait les dysfonctionnements du système. Le gouvernement a justifié ces retards par la mise en place de mesures visant à sécuriser l’identité des Camerounais, dans un contexte où les fraudes multiples risquent d’entacher le système. Permettre une gestion plus rapide et sécurisée des demandes Martin Mbarga Nguele précise que cette opération s’inscrit en « exécution des très hautes instructions du chef de l’État » et en vue de « l’imminence du lancement du nouveau système d’identification sécuritaire » du Cameroun.
Ce système, qui vise à produire des Cni en 48 heures, s’inspire des passeports biométriques et devrait permettre une gestion plus rapide et sécurisée des demandes. Le Dgsn avait annoncé en janvier 2024 que ce système serait opérationnel l’année dernière, mais sa mise en œuvre tarde à être effective. Cette opération de régularisation des identités multiples intervient également à quelques mois de l’élection présidentielle et régionale prévues en 2025, où la Cni est indispensable pour l’inscription sur les listes électorales. Dans son message de fin d’année le 31 décembre 2024, le président Paul Biya a dit être « bien conscient » des difficultés rencontrées par certains compatriotes pour s’inscrire, en raison du défaut de Cni. Il a annoncé avoir donné des instructions pour que les démarches indispensables soient entreprises afin de résoudre ce problème. « J’ai ordonné les mesures nécessaires pour faire face à cette situation qui devrait être rapidement réglée » , a-t-il indiqué, ajoutant que « nombre » de citoyens se trouvent en situation de double identité « de leur propre fait » .
Le processus d’inscription sur les listes électorales a déjà permis à 7,8 millions de citoyens d’être inscrits à la fin de l’année 2024, selon les données communiquées par Elecam. L’organe responsable de l’organisation, de la gestion et de la supervision des élections au Cameroun vise un objectif de 8 millions d’inscrits d’ici 2025, un cap qui pourrait être atteint d’ici mars prochain, selon Erik Essousse, le Directeur général des élections, qui s'exprimait à cet effet le 6 janvier dernier. La régularisation des identités multiples par la Dgsn pourrait permettre à un grand nombre de camerounais de pouvoir ainsi s’inscrire sur les listes électorales avant les échéances électorales.