CNI : c’est 100 000 francs ou rien, les Camerounais prennent leur tête entre les mains
Il y a quelques heures, le président de la République, Paul Biya, a signé un décret définissant l’organisation, le fonctionnement et les attributions du Centre national de production des titres identitaires. Selon nos investigations, celui-ci peut décanter la situation en instaurant très rapidement le cadre institutionnel idéal à la production des nouvelles cartes en 48 heures.
Se faire établir sa carte nationale d’identité en seulement 48 heures, c’est le pari que s’est donné le gouvernement. Actuellement, tout indique qu’il est en passe d’être réussi, mais il reste quelques réalisations à faire avant d’y parvenir.
La CNI est un précieux sésame souvent trop demandé par les contrôleurs, qu’il s’agisse des policiers, des gendarmes ou d’autres agents. Ceux et celles qui n’en disposent pas se confrontent la plupart à des éléments intransigeants.
Par exemple, des gendarmes travaillant à la gendarmerie de Bangou ont menotté et gardé à vue pendant plusieurs heures une femme pour la carte nationale d’identité. Ils lui ont exigé un montant de 100 000 francs CFA ou rien pour sa libération.
Le témoignage de la victime est assez évocateur de ce que nous avançons, rendant les citoyens inquiets de ce qui pourrait leur arriver s’ils se font prendre par les mêmes autorités policières : « Ce matin, je suis sortie sans carte, mais j’avais une photo de mon récépissé bien visible dans mon téléphone. Je sais que je n’aurais pas dû sortir sans carte, mais là je suis menottée à la gendarmerie de Bangou, je suis une fille de 25 ans. Ils m’ont arrêtée depuis 5 heures du matin lorsque je revenais de chez un membre de ma famille. Ils me demandent 100 000 francs, je ne sais pas où je peux prendre cette somme, c’est ma première fois de voir les menottes sur ma main ».
Cette jeune citoyenne, qui demandait de l’aide à travers son histoire racontée à un lanceur d’alerte dénonciateur, a pu par après être libérée : « J’ai été libérée après avoir donné la somme de 8 000 francs au lieu des 100 000 francs que ce monsieur me demandait. Mais merci vraiment pour votre aide ».
En effet, il a été donné de constater que plusieurs forces de l’ordre exigent un montant (parfois nettement supérieur au coût d’établissement de la carte) quand elles arrêtent un citoyen pour défaut de cette pièce. C’est devenu un business juteux.