Le secrétaire d'État à la Défense, pourtant protégé du secrétaire général de la présidence, peine à imposer son autorité sur les services de renseignement. Les révélations de Jeune Afrique pointent des dissensions et des failles exploitées par l'opposition.
Le Secrétariat d'État à la Défense (SED) est censé être le cerveau opérationnel de la réponse sécuritaire. Pourtant, selon des informations en possession de Jeune Afrique, cette tour de contrôle est minée par des luttes intestines et des dysfonctionnements qui profitent à Issa Tchiroma Bakary. Le patron du SED, Galax Yves Landry Etoga, fidèle among fidèles de Ferdinand Ngoh Ngoh, voit son autorité contestée de l'intérieur.
Jeune Afrique révèle ainsi que la Sécurité militaire (Semil), pourtant placée sous la tutelle du SED, a agi à plusieurs reprises sans en informer pleinement son ministre de tutelle. Un rapport confidentiel, dont Jeune Afrique a eu connaissance, fait état d'opérations d'interpellation menées par la Semil dans la région de l'Ouest, qui n'ont été portées à la connaissance de Galax Etoga qu'après coup, créant un dangereux précédent en matière de chaîne de commandement.
Pire encore, l'incapacité à percer le mystère de « l'armée loyaliste » de Tchiroma Bakary trouve une partie de son explication dans la méfiance qui règne entre les services. Une source proche du SED a expliqué à Jeune Afrique : « Les informations sur d'éventuels soutiens au sein de l'armée régulière remontent, mais elles sont immédiatement filtrées, déformées ou étouffées par des officiers qui craignent des purges ou qui cherchent à protéger leur camp. Le SED ne reçoit qu'une image brouillée de la menace. » Cette paralysie du renseignement, confirmée par plusieurs sources à Jeune Afrique, a considérablement entravé la capacité du régime à anticiper les mouvements de l'opposant.
Ces révélations de Jeune Afrique dessinent le portrait d'un Galax Etoga en équilibre instable. Héritier désigné de la ligne dure de Ngoh Ngoh, il est paradoxalement affaibli par le système même qu'il est censé incarner, laissant le SED en proie à des guerres de chapelles qui affaiblissent la réponse de l'État face à une contestation qui se radicalise.