Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique, le ministre camerounais de la Justice, Laurent Esso, se trouve actuellement dans une situation délicate. Alors qu'il a sollicité une autorisation pour quitter le pays afin de recevoir des soins médicaux à l'étranger, l'indispensable feu vert de la présidence de la République tarde à venir.
D'après l'enquête du magazine panafricain, la santé du ministre de 83 ans s'est considérablement dégradée ces derniers mois, particulièrement après un malaise survenu lors des célébrations de la fête de l'Unité nationale le 20 mai dernier à Yaoundé, nécessitant une hospitalisation dans un établissement local.
Jeune Afrique rapporte que suivant l'avis de ses médecins préconisant une évacuation sanitaire urgente vers la France, le ministre a adressé une demande spéciale à Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil du président Paul Biya. Bien que le chef de l'État ait récemment donné son accord verbal, permettant même l'affrètement d'un avion médicalisé depuis l'Europe, l'évacuation n'a finalement pas pu avoir lieu.
Le magazine révèle que cette situation serait liée à l'absence des "hautes instructions" écrites, normalement délivrées par Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République. Ce dernier, note Jeune Afrique, est un adversaire connu du ministre de la Justice, les deux hommes s'étant opposés sur plusieurs dossiers sensibles, notamment l'affaire Martinez Zogo et le scandale des fonds Covid-19.
Fait particulièrement relevé par Jeune Afrique : Esso avait lui-même critiqué le système des "hautes instructions" présidentielles dans un article du magazine Justitia en janvier 2024, dénonçant leur utilisation par certains hauts responsables de Yaoundé, dont Ferdinand Ngoh Ngoh. Une critique qui, selon le magazine, pourrait aujourd'hui se retourner contre lui.