L'enlèvement du sous-préfet Roland Ewane a mis en lumière les graves lacunes de la coopération sécuritaire entre le Cameroun et le Nigeria. Pendant cinq longs mois, les autorités camerounaises se sont heurtées à un mur de silence de leur voisin nigérian, malgré des demandes officielles répétées. Pourtant alliés dans la lutte contre Boko Haram et les séparatistes anglophones, les deux pays ont montré leurs limites face à cette crise transfrontalière.
Le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR), unité d'élite camerounaise, s'est retrouvé dans l'incapacité totale d'agir. Stationné à proximité à Limbe, ce corps spécialisé dans les opérations sensibles n'a pu intervenir faute d'autorisation nigériane pour une opération de sauvetage. Une impuissance qui soulève des questions sur l'efficacité réelle des accords de sécurité entre les deux nations.
Pendant ce temps, les négociations tombaient dans les mains des familles désemparées. Le maire d'Idabato, premier intermédiaire, s'est retrouvé emprisonné pendant deux mois sous de vagues soupçons de complicité, retardant davantage le processus. Les proches du sous-préfet ont dû vendre leurs biens et collecter des fonds pour réunir la rançon, dans une course contre la montre marquée par l'angoisse.
Cette affaire révèle un inquiétant transfert de responsabilité : là où l'État aurait dû protéger ses fonctionnaires, ce sont des civils qui ont dû prendre les risques et supporter le coût financier. La libération finale, bien que heureuse, laisse un goût amer quant à la capacité des institutions à assurer la sécurité des citoyens, surtout dans les zones frontalières sensibles.