Le rejet de la candidature de Maurice Kamto par le Conseil constitutionnel continue de provoquer des remous dans le paysage politique camerounais. Au-delà de la décision elle-même, c'est une scène particulière qui alimente les débats et exacerbe les tensions au sein de l'opposition.
L'attitude de certains responsables du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), dirigé par Cabral Libii, lors de l'annonce du verdict a provoqué l'indignation dans les rangs du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Des témoins rapportent que ces derniers auraient manifesté leur satisfaction dans la salle d'audience au moment même où la décision d'exclusion était rendue publique.
Cette réaction a été perçue comme particulièrement malvenue par les sympathisants de Maurice Kamto, qui y voient une rupture avec l'esprit de solidarité qui devrait animer l'opposition face au pouvoir en place.
Des accusations de "collaboration politique"
Sur les réseaux sociaux, les réactions se multiplient et le ton se durcit. De nombreux internautes dénoncent ce qu'ils qualifient de "trahison du combat commun pour l'alternance" et pointent du doigt ce qui s'apparenterait, selon eux, à une forme de "collaboration politique".
"Il n'y aura pas de taupes dans cette affaire. Les collabos devront assumer les retombées de leurs actes", peut-on lire dans certains messages particulièrement virulents qui circulent sur les plateformes numériques, témoignant de l'émotion suscitée par cet épisode.
Cet incident met en lumière les fragilités de l'opposition camerounaise, déjà confrontée à des difficultés d'union et de coordination. Le rejet de la candidature de Maurice Kamto, figure emblématique de l'opposition, pose avec acuité la question de la cohésion des forces du changement.
Pour de nombreux observateurs, cette séquence révèle les calculs politiques individuels qui peuvent parfois primer sur la solidarité collective face au pouvoir établi.
Avec l'éviction de Maurice Kamto de la course présidentielle, une interrogation majeure émerge : qui portera désormais les aspirations de changement d'une partie significative de l'électorat camerounais ? Cette question devient d'autant plus prégnante que l'échéance du 12 octobre se rapproche.
Les différents candidats de l'opposition encore en lice devront désormais convaincre qu'ils peuvent fédérer au-delà de leurs bases traditionnelles et incarner une véritable alternative politique.
L'analyste politique Bilevuz Minkam souligne que "le rejet de la candidature de Maurice Kamto n'est pas qu'un fait juridique ; c'est un tournant politique" qui "met à l'épreuve la cohésion de l'opposition".
Cette situation illustre la complexité du jeu politique camerounais, où les alliances et les rivalités s'entremêlent dans un contexte électoral déjà tendu.
À quelques semaines du scrutin présidentiel, ces tensions internes à l'opposition pourraient avoir des répercussions sur la mobilisation de l'électorat favorable au changement. La capacité des différents acteurs politiques à dépasser ces divisions constituera un enjeu majeur de la suite de la campagne.
Comme l'a résumé un internaute : "Le temps est le véritable tribunal de l'histoire. Rira bien qui rira le dernier", une formule qui résume l'attente de nombreux Camerounais quant aux conséquences politiques de ces événements.