Caméras sur la Semil : l'Affaire Longuè Longuè déclenche une enquête sur la Sécurité militaire au Cameroun

Enlevement Semil Douala.png Caméras sur la Semil

Fri, 1 Nov 2024 Source: www.camerounweb.com

Au Cameroun, la puissante Sécurité militaire (Semil) est sous le feu des critiques depuis la diffusion d'une vidéo montrant des sévices infligés à l’artiste Longuè Longuè dans ses locaux. Ce choc médiatique a poussé le ministre de la Défense à ordonner une enquête sur l’implication des membres de la Semil, une annonce inédite. C'est Jeune Afrique qui révèle ces éléments qui relancent le débat autour des méthodes de la Semil et interrogent sur son pouvoir au sein de l’appareil sécuritaire camerounais.

La vidéo montrant Longuè Longuè, célèbre chanteur et militant camerounais, en train de subir des actes violents dans les locaux de la Semil à Douala a bouleversé l'opinion publique. Cette révélation a conduit le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, à annoncer une enquête interne pour « faire la lumière » sur ces actes. Il s’agit là d’une première, les abus de la Semil étant d’ordinaire passés sous silence, rapporte Jeune Afrique.

Depuis sa création par Ahmadou Ahidjo en 1977, la Semil joue un rôle central dans la sécurité du Cameroun, notamment par ses fonctions de contre-espionnage. Elle est devenue une entité de renseignement militaire redoutée, censée protéger les intérêts de l’armée. Cependant, son influence et ses méthodes controversées alimentent les interrogations sur les abus de pouvoir que lui confère sa mission de protection.

D’après Jeune Afrique, la Semil s’est progressivement imposée comme une force incontournable, même en dehors des sphères militaires, surtout depuis les réformes de 2001 qui ont renforcé ses missions et étendu son champ d’action. Créée pour veiller à la discipline des troupes, elle intervient aujourd’hui aussi bien dans le renseignement militaire que dans des enquêtes sur des civils, souvent dans des conditions extrajudiciaires. Ces abus de pouvoir viennent aujourd’hui s’entrechoquer avec les images de violence diffusées et mettent en lumière une « toute-puissance » de cette institution.

Si cette annonce d'enquête représente une prise de position inédite de la part du ministère de la Défense, les observateurs restent prudents sur l’issue de cette démarche. Comme le rappelle Jeune Afrique, aucun précédent n’a permis de véritables sanctions contre la Semil, malgré de nombreux témoignages de tortures et d’arrestations arbitraires. Pour l’opinion publique camerounaise, cette affaire est l’occasion de questionner les pratiques des forces de sécurité, et elle relance le débat sur la responsabilité de la Semil, longtemps à l'abri des critiques.

Source: www.camerounweb.com