Cameroun : 10 ans pour 60 kilomètres !

Djoumessi Nganou Ministre Certainement lourd pour le nombre d’hécatombes qu’il collectionne au fil des jours

Sun, 20 Oct 2024 Source: La Nouvelle

Dans le cadre de la campagne é l e c t o r a l e comptant pour la présidentielle de 2004, le candidat du Rdpc, Paul Biya, avait placé son programme politique sous le prisme de « Grandes ambitions ». Des grandes ambitions qu’il a toujours nourries pour son pays et qui devaient fatalement conduire le Cameroun à l’émergence à l’horizon 2035. Comment peut-on donc parler d’émergence dans un pays où les 2 capitales, politique et économique, sont reliées par une route, déjà vieille de quelques décennies et qu’on a pompeusement et malheureusement baptisée « Axe lourd ».

Certainement lourd pour le nombre d’hécatombes qu’il collectionne au fil des jours ; lourd aussi parce que le trafic entre les 2 métropoles est sans cesse croissant ; lourd enfin par le montant des dégâts et pertes occasionnés dans les différents accidents qu’il génère. Pour donc éviter toutes ces tares présentées par cet axe routier, les inspirateurs du programme des grandes ambitions ont donc voulu dans un premier temps, relier les 2 métropoles politique et économique par un axe routier rassurant, rapide et digne d’un pays qui ambitionne l’émergence dans un court délai. il fallait donc construire une autoroute entre Yaoundé et Douala.

D Le projet est donc dans le pipe, mais c’est en 2014 que les travaux vont véritablement démarrer sur ce premier tronçon long de 60 kilomètres qui va de Yaoundé à Bibodi (à quelques encablures de Boumyébel, dans l’arrondissement de ngog-Mapubi, département du nyong-etKellé) officiellement baptisé première phase. Si l’on indique que ce n’est que cette année 2024 que les premiers 60 kilomètres sont achevés, cela fait donc, calculette en main 10 ans. Pendant ce temps, sur un budget initial de 284 milliards de Fcfa, cette première phase aura finalement consommé 350 milliards de Fcfa.

Qu’est-ce qui s’est donc passé au fait ? De nombreux blocages sont apparus dans la réalisation de ce projet. Entre des études ratées, des divergences sur la nature même du projet routier, des problèmes d’indemnisation des riverains, la construction de cette autoroute aura illustré de la plus belle des manières, l’incurie, l’incompétence, l’incapacité, la mollesse d’un gouvernement à implémenter la politique du président de la République. Pourtant, lorsqu’il faut chanter ses louanges à longueur de discours, ils ne manquent ni d’audace, ni de créativité pour masquer leurs manquements. Et l’autoroute YaoundéDouala n’est pas le seul projet qui a été ainsi été torpillé. Sans être exhaustif, dans ce secteur névralgique des axes routiers, l’on peut citer la fantomatique construction de la Ring Road qui fait du surplace depuis des lustres et dont on ne cesse de balancer à chaque fois comme un épouvantail dans les régions anglophones du Cameroun. ou encore, l’autoroute Douala – Limbe ; Edéa – Kribi ; nsimalen Yaoundé. Que dire du chemin de fer qui devrait relier le Cameroun au Tchad, c’est-à-dire ngaoundéré à n’Djamena ?

on n’a pas cessé de penser à d’autres projets morts nés comme le tramway de Douala. Aujourd’hui, c’est le Brt qui semble être la panacée. Et si l’on pourrait y ajouter l’exploitation de la bauxite, présentée dès 2013, comme le futur fleuron de l’économie camerounaise, on ne peut manquer de dire que les différents responsables desdits projets se sont bien moqués du chef de l’Etat qui leur a fait confiance. Relancé en 2018 avec des nouvelles clauses, jusqu’ici, en 2024, le chantier n’a pas été livré, malgré quelques bribes dans l’avancement des travaux dédié à ce projet. on pourrait en dire de même du projet de l’exploitation du fer de Mbalam. on attend, on attend, on attend…, comme dit le chanteur.

Source: La Nouvelle